J'ai 37 ans, marié avec des enfants et j'ai commencé à parier en 2003, époque durant laquelle les côtes étaient nettement supérieur qu'aujourd'hui.
Le terme de « parieur professionnel » n'a pas réellement de sens selon moi. On peut tous se lever le matin et s'adjuger soit-même comme étant un parieur professionnel. Par définition, on devient professionnel dans un domaine dès lors que cela devient notre source financière principale. Il est tout à fait possible de gagner seulement 500 euros par mois au paris sportifs ou même d'être perdant chaque mois et se considérer comme étant un « parieur professionnel ».
Pour ma part, à l'époque, j'étais salarié dans une entreprise mais je passais mes journées (y compris pendant mes heures de travail) à parier et j'ai fait beaucoup de recherche dans ce domaine. A la base j'ai suivi des études poussées dans le secteur des mathématiques et j'essayais d'appliquer mon savoir pour vaincre les bookmakers. D’ailleurs mon mémoire de master s'intitulait « la ruine du joueur » dans lequel je traitais tout ce qui touche au paris sportifs et la roulette.
Le jeu a toujours été présent depuis mon enfance. Mineur, je resté à la sortie des casinos en espérant pouvoir un jour y entrer. Une fois majeur, j'ai de suite été fasciné par la possibilité de gagner sa vie facilement et sans contrainte. Je ne voulais pas avoir un patron et rester enfermé de 9h00 du matin jusqu'à 18h00 dans un bureau pour un petit salaire. La première fois que j'ai pu rentrer un casino j'avais perdu l'équivalent de 350 euros, c'était à Monaco. Pour moi, cet argent n'était pas perdu et j'ai commencé à étudié les chances simples à la roulette. En parallèle, il y a eu le développement d'internet et les premiers bookmakers en ligne. J'ai commencé à faire des dépôts de plus en plus grand (500 euros par dépôt) puis j'ai découvert le fameux site Betfair dans lequel les paris étaient présentés sous forme de marché financier. Les côtes offertes par ce site étaient nettement supérieur que ceux proposées par les bookmakers traditionnels et le jeu était beaucoup plus passionnant.
Une fois que j'avais bien compris le principe, je passais mes journées sur ce site. Le montant de mes dépôts était bien plus important sur ce site. Pour moi, plus je déposais plus je pouvais gagné gros et facilement. Je me vois encore allé à ma banque faire un virement de 10000 euros vers le site Betfair. Avec cette argent, ça me permettait de jouer confortablement et de réaliser de multiples gains. Parfois, sur un match en live et quelque soit le sport, quand une équipe était sur le point de gagné à 100% et que sa côte était par exemple à 1,03, je pariais mes 10000 euros dessus. Mettre 10 euros sur une côte à 1,03 n'a pas d’intérêt car on réalise 0,30 centimes de gain. Mais dans mon cas, miser 10000 sur une côte à 1,03 sur un match, ça rapporte en quelques minutes 300 euros,ce qui représente plusieurs jours de travail pour beaucoup. Du coup, tout cela ne me motivais pas dans mon travail.
Mon pire souvenir est lié au problème que lorsque l'on est derrière le PC et qu'on ne voit pas directement le match, l'information est imparfaite et cela peut faire perdre beaucoup d'argent. Je me souviens encore d'un match de tennis opposant Marion bartoli et une autre joueuse dont j'ai oublié le nom. A ce moment, j'étais dans mon bureau au travail et je passais une journée tranquille au niveau des paris. Bartoli était favorite, elle mène 1 set à 0 et fait le break dans le second set. Selon moi, le match était plié est pourtant je vois la côte de Bartoli à 1,25 alors que pour moi, c'était largement au dessus par rapport à ce que se passait. C'était l'occasion de faire 2500 euros de gain sans risque et je mise donc 10000 euros sur Bartoli.
Dès lors que j'ai placé mon pari, le match s'est complètement renversé. Bartoli perd son break puis perd le set ! Vous n'imaginez pas à cet instant mon état au vu de la somme engagée. D'ailleurs dès la fin du deuxième set, je me souviens être sorti quelques seconde pour prendre l'air avant de revenir devant mon écran. Dès le premier jeu de service de Bartoli au 3ième set, elle se fait breaker. C'est encore plus difficile pour moi car je suis au bureau et mes collègues de travail viennent me parler et me demander des choses. Le match va à sens unique et malgré une petite lueur d'espoir vers la fin, elle perd le match ! Après réflexion, je pense qu'elle à dû se blesser ce qui explique la côte élevé malgré le score. Mais comme je n'avais pas cette information, cela m'a coûter chère.
En tilt, j'ai layé une équipe largement favorite pour un montant de 500 euros. Elle perd le match et j'ai remporté environ 6000 euros sur le match.
J'avais plusieurs stratégies, je pariais essentiellement en live sur Betfair et j'avais créé plusieurs tableaux excel d'aide à la décision. En fonction du déroulement du match, je rentrais les données dans le tableau, et je savais sur quoi et quel montant parier. Ensuite, il y avait des opportunités très intéressantes notamment à Roland Garros qui était diffusé sur les chaînes françaises. Il était alors très facile de générer des profits vu que l'on avait plusieurs secondes d'avance sur les autres parieurs étrangers. Je me mettais devant la télé et je pariais en fonction de ce que je voyais, c'était la belle époque !
Depuis l'interdiction de Betfair en France, j'ai freiné dans cette discipline pour l'arrêter presque complètement par la suite. Les côtes sont trop basse aujourd'hui chez les bookmakers traditionnels et les opportunités de gain sont très faibles.
Interview realisé par Denis Vasseur. Vous êtes un parieur sportifs, un parieur hippique ou un joueur de poker? Que vous soyez un jour débutant, confirmé ou professionnel, nous recherchons des joueurs souhaitant nous accorder une interview sur le jeu. Si vous souhaitez être interviewé, envoyez un email à denis-vasseur@netc.fr