SOCIETE - Expulsable jusqu'à preuve du contraire. Rigoberte M'bah, 27 ans, footballeuse à Hénin-Beaumont, club féminin de première division, est sous le coup d'un arrêté de reconduite à la frontière. Le tribunal administratif de Lille décide de son sort aujourd'hui, en début d'après-midi. Dans la salle, on attend son comité de soutien, militants de la Cimade, d'Amnesty International, d'ATD quart-monde, et supporters. On attend aussi des dirigeants du club, qui, accusés «esclavage moderne» par Me Emmanuelle Lequien, l'avocate de Rigoberte M'Bah, disent, eux, .
Pourquoi l'avoir laissée cinq mois en situation irrégulière ? Bernard Dumortier : «La saison se termine fin mai. Il n'y a plus personne en juin au club. Les gens ont leur vie, on est bénévole. Il faut comprendre». Bref, négligence, tout au plus. Le comité de soutien répond que c'est à force d'avoir sollicité le club, et le maire, que le dossier a fini par être déposé.
Même chose pour le logement de la jeune femme. Elle a vécu à l'hôtel, chez un supporter, chez une joueuse, avant qu'un sponsor du club lui prête un appartement, un an après. Me Lequien estime carrément que le Club a maintenu la joueuse dans un état de dépendance pour éviter de la voir partir ailleurs. Bernard Dumortier, estime, lui que le Club a beaucoup aidé Rigoberte, et la soutient. «On ne le regrette pas. Il faut aider les gens, quand on peut». Le 21 décembre, la demande de papiers de Rigoberte M'Bah est rejetée, mais selon son avocate, elle ne le sait pas.
Enfin, pourquoi l'avoir fait jouer alors qu'elle souffrait d'une entorse depuis une blessure le 5 décembre, selon elle? «Elle n'a pas joué depuis le 9 décembre», dit Bernard Dumortier. Ce n'est pas ce que dit Rigoberte M'Bah, ce n'est pas non plus ce que dit . La joueuse était sur le terrain le 9 janvier contre Lyon, le 16 contre Le Mans, le 23 contre La Roche-sur-Yon, le 26 contre Montpellier. Jusqu'à ce que, selon elle, la douleur soit trop forte pour continuer.
Haydée Sabéran
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