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Le député, la porcherie industrielle, et... les voisins


INTERVIEW - La loi doit être votée mercredi, et les riverains des porcheries, en Flandres, se pincent déjà le nez. Motif : le député du Nord Jean-Pierre Decool et ses collègues de l'UMP, dont Marc Le Fur, ont signé un amendement -contre l'avis du ministre- qui autorise les porcheries industrielles de moins de 2000 bêtes à s'installer sans enquête publique. Ça veut dire? Que si la loi passe mercredi, on ne demandera plus leur avis .

À la tête d'une fronde anti méga-porcheries, le conseiller municipal socialiste à Bambecque Frédéric Wojtkowiak, décerne à Jean-Pierre Decool un carton rouge.

Pourquoi ce carton rouge à Jean-Pierre Decool?

C'est lui qui a proposé et signé cet amendement sur les porcheries industrielles dans le cadre de la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche. Jusqu'à aujourd'hui, si on veut installer une porcherie de plus de 450 porcs, il faut lancer une enquête publique, demander l'avis des habitants, des associations. Ce seuil est repoussé à 2000 bêtes. Or en Flandres en ce moment, au moins quatre projets émergent, à Bambecque, Houtkerque, Noordpeene, Ochtezeele. On est déjà autour 60.000 porcs dans un rayon de 15 km, on pourrait passer à 70.000, et cette loi ne ferait qu'aggraver les choses. On connaît les problèmes de la Bretagne. Ce n'est pas une fois que tout est pollué qu'il faut commencer à se préoccuper d'environnement.

Quels problèmes posent les méga-porcheries en Flandres?

Porcheries industrielles veut dire épandage. En Bretagne, les nitrates ont fait proliférer les algues vertes dans les rivières et sur les plages. Ici, l'Yser coule au bout des champs. Or, notre sol est argileux. En cas de forte pluie, c'est l'Yser qui est polluée. Or ce cours d'eau alimente les Belges en eau potable. Ils seraient en droit de nous dire «vous avez pollué l'eau, c'est à vous de payer».

Selon Jean-Pierre Decool cette loi est indispensable aux agriculteurs des Flandres, parce qu'ils subissent la concurrence belge, qui n'est pas soumise aux mêmes seuils. Que dites vous aux agriculteurs?

Que cette loi ne les protègera pas. Si un gros éleveur, Belge ou Français, arrive avec son projet, ça ne protègera pas l'éleveur des Flandres, mais les plus gros. Ceux que j'appelle les petits princes de la FNSEA.

Que demandez vous?

Cette loi ne doit pas passer. On espère que notre lettre ouverte au député va faire bouger les gens. On réclame un « Grenelle de l'Yser », avec tout le monde autour de la table, y compris les éleveurs.

Recueilli par Haydée Sabéran

Le débat en commission autour de l'amendement .

Le à Jean-Pierre Decool, le 30 juin.

Le du député (où il l'amendement, le 5 juillet).

Sur LibéRennes : 25/06/10 et le voté le 3 juillet.