INTERVIEW - C'était la
reprise de l'usine ou le squat des bureaux. Ils avaient lancé
un ultimatum, ils ont tenu parole. Ce matin vers 6h, des salariés
sont entrés dans les bureaux administratifs de la raffinerie
des Flandres Total à Dunkerque, menacée de fermeture.
Philippe Wullens, délégué syndical Sud,
.
Que s'est-il passé ce matin?
Vers 6h, environ 150 personnes sont
allés devant le bâtiment de la direction, où
Total avait fait poster une quarantaine de vigiles pendant la nuit.
Il y a eu un mouvement collectif, certains sont montés au
premier étage par une échelle. Les vigiles n'auraient
pas osé nous pousser en bas de l'échelle, mais ça
a fait diversion, ils étaient moins nombreux devant la porte,
et des gens ont réussi à rentrer dans les bureaux.
Comment ça s'est passé?
On a trouvé des documents dans le bureau du directeur, qui montrent qu'en septembre, déjà, la direction avait le projet de se séparer d'une centaine de salariés, ce qui compromettait déjà l'avenir de Dunkerque. Notre direction savait beaucoup de choses, et ne le disait pas. A part ça, l'occupation c'est très bien passée, sans violence. Les sourires sont revenus sur les visages,
les gens avaient besoin de se montrer, de dire qu'ils étaient là.
On en est où en ce début
d'après-midi?
On demande au sous-préfet de
nommer un médiateur, un représentant de l'Etat,
quelqu'un de la direction du travail, par exemple. On refuse de
discuter avec le directeur du site, Eric Guillotin. On demande aussi
que les vigiles s'en aillent, car ça a un effet provocateur.
Que réclamerez vous?
Que l'activité de la raffinerie
continue. Une grande révision était prévue du 15
mars au 15 mai, le grand arrêt, avec 4000 personnes sur le site
(pour 370 salariés Total, ndlr). Annuler le grand arrêt
condamne la raffinerie, c'est la mort de l'usine, et nous on le refuse. D'autant que les 100
millions du grand arrêt ont déjà été
budgétés, et 85 déjà engagés. Il
ne reste plus que 25 millions à dépenser, et s'ils ne
sont pas utilisés pour le grand arrêt, ils le seront
pour indemniser les entreprises qui devaient participer à ce
grand arrêt. On demande aussi que le comité central d'entreprise, prévu le 29 mars, soit avancé.
Jusqu'à quand occupez-vous?
Tant qu'on a pas de réponse, c'est illimité.
Recueilli par Haydée Sabéran
Photo Reuters
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