ÉCO-TERRE - Comment en finir avec le crédit revolving? Chez les Ch'tis, champions de France des surendettés, Robert Brehon, président de l'UFC-Que Choisir Nord Pas-de-Calais ne propose pas de le supprimer, mais de le rendre moins facile d'accès.
Qu'est-ce que le crédit-revolving?
C'est une réserve d'argent à taux d'intérêt prohibitif, qui peut aller jusqu'à 20%. On frise le taux d'usure. Comme la réserve d'argent est toujours disponible, l'emprunteur continue à piocher, piocher, ça ne finit jamais. On vous permet d'avoir accès à 4500 ou 5000 euros tout de suite. Au début, c'est la facilité, une bouffée d'oxygène, et puis vous souscrivez à un deuxième pour rembourser le premier. Le piège.
Le problème s'aggrave?
Oui. Dans 80% des dossiers de surendettement, il y a au moins quatre ou cinq crédits revolving. On a eu une personne qui en a cumulé 25. En France, on va atteindre 220.000 dossiers de surendettement pour 2009, on était à 188.500 en 2008. La région Nord Pas-de-Calais est la plus touchée avec 456 surendettés pour 100.000 habitants. De plus en plus de personnes qui travaillent ont recours au crédit revolving pour finir le mois. Avec une carte de fidélité, dans un hyper-marché, on y va facilement, en fin de mois. On appuie sur une touche. Par ailleurs, les banques octroient de moins en moins de crédits affectés, elles ne prêtent plus, il ne reste plus que le crédit revolving.
Faut-il le supprimer?
Il y a débat. Même chez nous, il y a eu débat. Mais au final, on n'est pas pour la suppression pure et simple. S'il est bien encadré, il peut rendre des services en cas de problème de trésorerie momentanée. Le problème, c'est qu'il est aujourd'hui très facile d'accès, trop facile d'accès, dans toutes les pages des journaux, sur internet, dans les banques (et au téléphone dans la vente par correspondance, ndlr). On a fait une enquête, début 2009 à Lille, Arras, et Calais, une quinzaine d'enquêteurs, ont simulé une demande de prêt. Ils disaient : "Voilà, j'ai besoin de changer de frigo, vous me proposez quoi?". On constate que 73% des professionnels orientent le client vers un crédit revolving, sans proposer autre chose, et 91% ne vérifient pas si l'emprunteur est solvable.
Que proposez-vous?
Qu'il soit plus lisible. Que les cartes de fidélités ne soient plus liées à un crédit revolving. Qu'on ne puisse pas obtenir un revolving sur un lieu de vente. On a déjà réussir à faire passer le délai de réflexion de 7 à 14 jours, et à permettre d'avoir un dossier de surendettement, tout en restant propriétaire de sa maison, ça évite de mettre une famille à la rue. Par ailleurs, il faut qu'un prêteur qui n'a pas joué le jeu de la recherche de solvabilité soit rendu responsable, pour manque de clairvoyance. Il donne de l'argent facilement? Il doit en prendre la responsabilité!
La ministre de l'Économie Christine Lagarde dit qu'elle veut responsabiliser les prêteurs.
Oui, mais elle ne dit pas comment. Ça pourrait être ne percevoir que la moitié des remboursements. Une loi est passée pour imposer que dans une publicité qui annonce en gros caractères qu'on ne paie rien les trois premiers mois, il soit écrit, en caractères aussi gros, que les mois suivants sont à un taux de 20%. Les décrets d'application ne sont pas passés.
Recueilli par Haydée Sabéran
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