RÉACTIONS- Ils s'opposent à l'expulsion annoncée de jeunes Afghans vers leur pays. Militant, avocate, humanitaire, femmes politiques, à gauche et aussi à droite, ils et elles expliquent pourquoi.
«La mode des charters»
«On
vient d'apprendre que 2009 a été l'année la plus
meurtrière en Afghanistan. Et on veut les renvoyer? Ils ont
déposé une demande d'asile quand on les a arrêtés, alors le préfet nous dit c'est une manœuvre
dilatoire, puisqu'ils veulent aller en Grande Bretagne! Cette demande doit
être examinée, correctement, et jusqu'au bout. La
réalité, c'est qu'en ce moment, c'est la mode de
trouver des Afghans pour remplir des charters».
Me Ève Thieffry, avocate des Afghans à Lille.
«Ça s'aggrave sur place»
«Je
trouve choquant que la France, qui a bloqué pendant si
longtemps toute expulsion vers l'Afghanistan, le fasse maintenant
alors qu'on sait que ça s'aggrave sur place. Ces jeunes ne
sont pas ici pour des raisons économiques. Ce sont des
réfugiés, en demande de protection. Leur demande
d'asile, ils ont dû la déposer en cinq jours, elle a été
examinée en trois. Ce n'est pas sérieux. Pas le temps
de réunir les documents, pas de traducteur. Malgré ces
conditions précaires, cinq sur trente ont quand même
obtenu un statut de protection hier. C'est vrai qu'on a du mal à
imaginer renvoyer des gens en Afghanistan où la quasi totalité
du pays est en guerre civile, et violer la Convention européenne
des droits de l'homme ».
Emery
Boidin, juriste à la Cimade, à Lille
«Carrefour de la honte»
«En
renvoyant des Afghans vers Kaboul en guerre, où ils
risquent leur vie, le ministre Eric Besson veut faire de Lille
Lesquin le carrefour de la honte »
Gérard
Minet, président de la Ligue des droits de l'Homme du Nord
Pas-de-Calais (extrait de communiqué).
«Dans la
France de Monsieur Besson»
«De 1936 à 1939, des
milliers de militants, d’artistes, de juifs ont fui la montée
du nazisme en Allemagne, et n’ont du leur salut qu’à
l’hospitalité de courageuses familles d’accueil en France,
en Angleterre et aux U.S.A. Dans la France de Monsieur Sarkozy, ceux
qui aident les réfugiés afghans sont surveillés,
condamnables, et pour certains inquiétés. De 1939 à
1944, des milliers de français résistants, artistes,
juifs, tziganes, homosexuels, n’ont du leur salut qu’au courage
et à l'hospitalité d’autres français, ou de
familles solidaires de Suisse, d’Espagne, d’Angleterre ou
d’ailleurs. Dans la France de Monsieur Besson, même les
terrains vagues de Calais leur sont interdits, et des rafles les
regroupent pour qu’ils soient renvoyés, par charter, dans
leur pays où sévit la guerre, où règnent
la menace intégriste et ses exactions.»
Marie-Christine Blandin,
sénatrice verte (extrait de communiqué)
Recueilli par Haydée Sabéran
A L'UMP AUSSI - «Renvoyer contraints et forcés des Afghans chez eux c'est criminel», dit Françoise Hostalier, députée UMP du Nord, dans la Voix du Nord
Lire aussi : Trois Afghans expulsés ce matin vers Kaboul
Photo Pascal Rossignol, Reuters : A Lesquin, le 20 octobre, des manifestants contre le charter attendu à Lille Lesquin pour expulser des Afghans. Finalement, trois Afghans ont été expulsés, de Roissy.