Clotilde Reiss, ancienne étudiante à l'Institut politique de Lille est jugée depuis ce matin en Iran. On lui reproche d'avoir participé au mouvement de contestation de la réélection du
président Mahmoud Ahmadinejad, et accusée d'espionnage. Selon l'agence de presse officielle Irna, "elle est accusée
d'avoir
rassemblé des informations et encouragé les émeutiers". Selon son entourage, c'est une étudiante
sérieuse et prudente, aux antipodes des accusations.
"Clotilde n'est pas politique", a affirmé à l'AFP son père, Rémi Reiss. "Elle n'a pas d'engagement dans cette région, elle ne peut pas être considérée comme militant. Ce n'est pas du tout un tempérament politique revendicatif. Elle est valeureuse et altruiste et ne fait pas de politique". La jeune fille, arrêtée le 1er juillet et vient de fêter en prison son 24e anniversaire.
"Bien sûr, elle est innocente, elle n'a rien à se reprocher et on ne peut rien lui reprocher. Sa motivation, c'est l'art, c'est la culture, c'est la connaissance de l'Iran", explique son père. La jeune femme, initiée à la culture iranienne dès son plus jeune âge par une nourrice iranienne, a ensuite étudié le persan et s'est rendue en Iran à plusieurs reprises.
Son mémoire de fin d'études à l'Institut d'études politiques (IEP) de Lille, dont elle est diplômée en 2008, portait sur le système éducatif iranien et les manuels scolaires depuis la Révolution islamique. Selon le directeur des études de l'IEP, Benoît Lengaigne "c'était une étudiante déterminée et passionnée. Excellente élève, elle a eu toutes ses années avec mention". Une de ses anciennes condisciples à Lille, Sophie Taboni, se souvient d'une "fille très discrète, douce, sérieuse". "Clotilde était en Iran dans le cadre de la coopération franco-iranienne comme lectrice de français" à l'université d'Ispahan (centre), a rappelé son père. "Elle devait rentrer en France. Comme elle vient de travailler cinq mois, elle voulait aussi prendre des congés, passer par le Liban et la Turquie", a-t-il précisé.
Selon le ministère français des Affaires étrangères, il était reproché à la jeune femme d'avoir pris des photos avec son téléphone portable de manifestations à Ispahan après la réélection contestée du président iranien Mahmoud Ahmadinejad.
Une autre de ses camarades de l'IEP Lille, Camille, qui n'a pas donné son nom de famille, a raconté à l'AFP avoir reçu, avec d'autres "un email de notre copine Clotilde très simple, racontant ce qu'elle voyait, en tant que spectatrice, témoin des grandes manifestations, et puis il y avait trois quatre liens vers des blogs en persan d'étudiants avec quelques photos". "En plus on n'a absolument rien vu que l'on ne voyait pas dans les médias et les journaux qu'on avait en France", a-t-elle souligné.
Selon Leili Anvar, maître de conférences en persan à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), qui a eu Clotilde Reiss comme étudiante, "c'est une jeune femme charmante, passionnée, très intéressée par la culture, absolument pas le profil de l'agent ou de l'espion". "C'est une étudiante assez brillante et passionnée, charmante, comme tous les profs rêvent d'en avoir", a-t-elle dit, "quelqu'un d'extrêmement doux". "Le malentendu", a estimé Leili Anvar, est sans doute venu du fait "qu'elle a dû assister à des manifestations, faire quelques photos et les envoyer. Du coup, c'est monté en épingle".
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