SOCIETE - Un détenu, incarcéré pour meutre et «faible psychologiquement», selon un syndicat de surveillants, s'est pendu après une semaine de mitard. C'est le troisième suicide en trois mois à Sequedin.
Il avait 25 ans, il a été retrouvé pendu mercredi à la prison de Sequedin, dans le quartier disciplinaire, le «mitard», où il était depuis une semaine. Il était «faible psychologiquement» selon un surveillant de la prison, Andy Gabard, surveillant à la maison d'arrêt et responsable local de l'Union fédérale autonome pénitentiaire. Le jeune détenu avait été condamné à 22 ans de prison, pour meurtre. Il était incarcéré dans le quartier Maison centrale de Sequedin, celui des «longues peines» et les détenus les plus dangereux. Le surveillant estime que la place de ce prisonnier n'était pas à Sequedin, mais dans un hôpital pénitentiaire.
Fourchette. «On pense qu'il était peut-être racketté par les autres détenus.», raconte Andy Gabard. Selon le surveillant, le détenu avait été placé au mitard parce qu'il avait tenté de sortir de cellule «avec une fourchette ou un couteau», et «n'avait pas voulu lâcher son arme». Dangereux? «Pour le personnel», et «aussi victime des autres détenus. Vous savez, en maison centrale, vous avez la crème de la crème du banditisme». Il devait sortir «aux alentours de 2030».
Etait-il connu pour une tendance suicidaire? L'administration pénitentiaire a confirmé la mort par pendaison, mais n'a rien à ajouter. A Sequedin, c'est le troisième suicide en trois mois.
Barbare. A l'Observatoire international des prions (OIP), Anne Chereul, déléguée régionale à Lille, signale qu'on se suicide sept fois plus en prison que dehors, et «au mitard, sept fois plus que dans le reste de la prison». C'est un endroit «connu pour être suicidogène, déstructurant». La peine maximale au mitard en France est de 45 jours, qui fait de la France le pays le plus sévère en la matière. La future loi pénitentiaire propose de le réduire à 30 jours. «Complètement insuffisant», selon la déléguée régionale, «en Irlande et en Ecosse, le maximum est de trois jours». L'OIP réclame l'abolition du mitard. «C'est un outil barbare. On peut lui substituer d'autres sanctions, comme le confinement, ou le travail d'intérêt général».
A Sequedin, Andy Gabard trouve les détenus de plus en plus violents. «Mercredi matin, un de mes collègues a été plaqué au sol à l'ouverture. Le détenu a dit qu'il pensait que c'était «un procureur en stage». Le collègue a été blessé aux cervicales, et il souffre de plusieurs hématomes.» Le détenu a été placé au mitard.
Haydée Sabéran