UNIVERSITE- Menace d'un conseil de discipline et retrait de salaire. Le président de l'université de Lille 2 a sorti le bazooka à l'encontre d'une douzaine d'enseignants-chercheurs. Tout cela parce qu'ils n'ont pas rendu à l'administration les notes du partiel du premier semestre, pour protester contre la réforme Pécresse de l'enseignement supérieur. Comme beaucoup d'autres de leurs collègues à travers la France, le mot d'ordre syndical étant national.
La première lettre recommandée avec accusé de réception est arrivée le 8 avril, trois jours après le déblocage de la fac de droit. Elle demande la remise des notes avant la fin de la semaine, sinon sanction. « Nous avons rendu les notes aux étudiants », s'insurge Nathalie Ethuin, maître de conférence, « Nous les avons affichées. La seule chose que nous n'avons pas faite, c'est les transmettre à l'administration.» Le président de l'université invoque des protestations d'étudiants, en master 1, qui ont besoin de déposer des dossiers pour postuler en master 2. Ils n'ont qu'un bulletin de notes provisoire, et explique-t-on du côté de l'université, « cela les désavantage par rapport à d'autres. Ce n'est pas officiel » Nathalie Ethuin précise que les enseignants-chercheurs ont fourni à leurs étudiants des attestations sur l'honneur justement pour ces fameux dossiers. Et que la vraie sélection en master 2 a lieu après la dernière délibération de l'année universitaire, quand l'étudiant a toutes ses notes et son diplôme en poche. « Pour nous, il n'y a qu'une toute petite part du service qui n'a pas été rendu », défend Nathalie Ethuin
Les enseignants-chercheurs concernés concoctent une réponse commune, la dépose en main propre au secrétariat de la présidence, avec accusé de réception.Ils proposent de voir «les modalités de remise de notes » possibles. Las, le président envoie une seconde lettre recommandée. Elle arrive le premier jour des vacances. Elle annonce des retraits de salaire, un trentième de salaire par jour de retard dans le dépôt des notes, à partir du 20 avril, et menace d'un conseil de discipline. Sans tenir compte, disent les enseignants-chercheurs, de leur réponse. Du côte de l'université, on ne commente pas ce point.
« Nous sommes minoritaires dans cette université sur ce mode d'action, et c'est bien cela notre problème», explique Nathalie Ethuin Sur 300 enseignants, ils ne sont qu'une douzaine à n'avoir pas rendu leurs notes. « Mais nous avons suivi un mot d'ordre national », précise-t-elle. « Et c'est à ma connaissance la seule fac en France où de telles sanctions vont être prises. »
S.M.