TERRE - Depuis hier après-midi, les ports de Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque sont totalement paralysés par les pêcheurs locaux. Ils réclament une hausse des quotas de cabillaud et de sole TERRE - Depuis hier après-midi, les ports de Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque sont totalement paralysés par les pêcheurs locaux. Ils réclament une .
«Un blocage total et illimité, annonce Patrice Haezebrouck, vice-président du comité local des pêches et représentant de la CGT. Ça ne nous fait pas plaisir mais on n’a plus le choix.» Après une année 2008 marquée par la flambée du gazole, ce sont à nouveau les quotas européens qui sont au cœur des revendications.
«Dérisoires». Ce que réclament les pêcheurs ? De pouvoir retourner en mer. Mais leur quota de cabillaud et de sole étant atteint, toute sortie les placerait hors-la-loi, et les amendes sont salées. «Si on applique la réglementation, on ferme», résume Patrice Haezebrouck. Une centaine de bateaux sont impliqués dans le mouvement et dénoncent des quotas visant à éliminer les «petits», et à «casser la pêche artisanale» au profit de «grands trusts». «Les quotas sont dérisoires, poursuit Patrice Haezebrouck. Pour la sole, à Dunkerque, on a 133 tonnes pour 20 bateaux. Or c’est l’équivalent de la capture de trois bateaux sur l’année. Il nous faudrait au moins 600 tonnes. D’autant que le constat qu’on fait, c’est qu’il y a du poisson.» Bruno Dachicourt, secrétaire général de la CFTC marins-pêcheurs, renchérit : «Certains bateaux n’avaient qu’une tonne de cabillaud pour l’année. C’est ce qui peut être atteint en une seule sortie.»
Charles Braine, du WWF-France, tempère cette apparence d’abondance de cabillaud : «Il y a une concentration au niveau du goulet du Pas-de-Calais. Mais les études montrent qu’il s’agit d’un effet local et ponctuel, alors que la situation est globalement dramatique dans la zone Manche-Est et mer du Nord. Il faut lever un peu la tête et regarder autour ce qui se passe.» Les pêcheurs ne l’entendent pas ainsi et demandent à la France de retourner au front à Bruxelles : «On veut un quota suffisant pour qu’il soit viable pour les entreprises et pour préserver la ressource. Les pêcheurs ne veulent pas d’argent, ils veulent simplement qu’on les laisse vivre», poursuit Bruno Dachicourt.
Voté. Mais si Michel Barnier se dit prêt à «poursuivre le dialogue», il ne semble pas disposé à rouvrir la bataille, rappelant que la France a déjà obtenu une hausse de 30 % pour cette campagne, après une augmentation de 25 % en juin. «Dès le premier trimestre, certains ont dépassé de 60%», précise le ministère de l’Agriculture et de la Pêche, qui souligne «l’aspect local du mouvement» et insiste sur la différence de situation entre la sole - où les pêcheurs, en surcapacité, demandent chaque année des quotas supplémentaires - et le cabillaud qui connaît un pic de ressources conjoncturel.
Et le ministère d’avertir que «la pêche hors quota constitue une infraction», qui, de plus, diminue le quota des pêcheurs des autres ports. De toute façon, Bruxelles ne semble pas prêt à rouvrir la négociation : «On peut comprendre les pêcheurs, mais il fallait râler avant que le ministre ne vote les quotas, a tranché hier la porte-parole du Commissaire européen à la Pêche, interrogée par l’AFP. On ne revient pas sur les attributions de quotas une fois qu’elles ont été décidées.»
Guillaume Launay
Photo Reuters
A 9h - Les trois ports sont toujours bloqués par les marins pêcheurs. Le trafic transmanche est interrompu. La préfecture du Pas-de-Calais recommande à ceux qui doivent se rendre en Angleterre de reporter leur voyage.