ACCIDENT - Les premiers éléments de l'enquête ouverte après la mort samedi soir de deux supporters lillois heurtés par un RER sur un pont ferroviaire contredisent en partie les affirmations de la SNCF sur la sécurisation de cette zone interdite aux piétons. Selon les premières auditions, le groupe de supporters imprudents a trouvé la porte grillagée d'accès au pont "ouverte" et son "système de fermeture était de toute façon défaillant", a expliqué lundi une source judiciaire.
Une enquête
préliminaire pour homicides et blessures involontaires a été ouverte à
Bobigny. Les supporteurs affirment s'être perdus en cherchant à rejoindre plus
vite leur car après le match de football Lille-Lyon au Stade de France.
Dimanche, Jean-Pierre Farandou, directeur Transilien à la SNCF avait
affirmé que le groupe n'avait pas respecté le chemin balisé et pénétré
dans une zone interdite au public protégée par des barrières et un
portail fermé. Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, avait évoqué
sur Europe 1 la possibilité de "surveiller à distance par des caméras
ou des caméras infrarouges cette zone autour du Stade de France pour
que si jamais quelqu'un franchit le grillage, on puisse couper
automatiquement la circulation".
Le groupe d'une douzaine de personnes a été percuté sur le pont par un
RER B circulant à vide. L'accident a fait deux morts, deux garçons de
10 et 18 ans, et onze blessés, dont le père de la plus jeune victime,
Jordan.
Le grand-père de Jordan s'est dit lundi "en colère contre la SNCF"
et a demandé des "excuses" à son président. "Je ne dis pas,
rétrospectivement, que ce n'était pas dangereux de marcher près des
voies. Mais le danger, ils ne l'ont pas vu. Les barrières étaient
ouvertes", a déclaré Christian Duminy, joint par téléphone à
Armentières (Nord) et qui "attend les conclusions de l'enquête avant de
décider de porter plainte".
Le groupe marchait sur le pont pour regagner un bus stationné de
l'autre côté du canal de Saint-Denis, sur un emplacement réservé sous
l'autoroute A 86, à 800 mètres du stade. Il aurait dû emprunter une
passerelle proche.
La tante de Jordan, qui faisait partie du groupe, a raconté au
quotidien La Voix du Nord que le groupe avait voulu prendre un
raccourci car "le chauffeur du bus nous avait mis la pression en nous
disant que si nous n'étions pas là à 23h15, le car partirait sans nous".
A la fin du match, le groupe s'est empressé de quitter le stade
sans assister au feu d'artifice. Les deux garçons de 10 et 18 ans, qui
fermaient la marche, ont été les premiers touchés, percutés par le
train arrivant par-derrière. "On n'a rien entendu", se souvient la
tante qui pensait que la voie était alors "fermée à la circulation des
trains".
AFP