ENSEIGNEMENT - 95% des étudiants embauchés dès leur arrivée sur le marché du travail, deux ans d'études professionnalisantes organisées en liaison avec les entreprises, et même un représentant du Medef local à la tête de leur conseil d'administration. Les IUT devraient avoir tout pour plaire au gouvernement, amateur de performance. D'ailleurs, les instituts universitaires technologiques ne sont pas du genre gréviste, d'habitude. Et là, depuis une semaine, les enseignants-chercheurs, rejoints par leurs étudiants, bloquent les portes de leur IUT à Lille-1, mais aussi dans toute la France. L'explication tient en un tas de chaises, installé dans le hall de l'établissement. ENSEIGNEMENT - 95% des étudiants embauchés dès leur arrivée sur le marché du travail, deux ans d'études professionnalisantes organisées en liaison avec les entreprises, et même un représentant du Medef local à la tête de leur conseil d'administration. Les IUT devraient avoir tout pour plaire au gouvernement, amateur de performance. D'ailleurs, les instituts universitaires technologiques ne sont pas du genre gréviste, d'habitude. Et là, depuis une semaine, les enseignants-chercheurs, rejoints par leurs étudiants, bloquent les portes de leur IUT à Lille-1, mais aussi dans toute la France. L'explication tient en un tas de chaises,
"Nous avons entassé 37% des chaises de l'IUT", explique Bruno Beaufils, enseignant-chercheur en informatique. "Ce qui représente les 37% que nous allons perdre en dotation globale de fonctionnement." Des moyens en moins, cela passe mal quand l'année dernière, l'université de Lille-1 était considérée comme sous-encadrée. "Mais le système a changé", précise Bruno Beaufils. "Auparavant, les moyens étaient répartis selon les besoins, maintenant, ils le sont sur les performances." Problème : aucun enseignant-chercheur, devant les portes bloquées, n'est capable d'expliquer les critères choisis pour évaluer ces performances. "Ce fonctionnement est très opaque", dénonce Bruno Beaufils. Des moyens moindres : la nouvelle menace le fonctionnement même des IUT. "Nous apprenons un métier plus qu'une discipline, nous formons des informaticiens plus que nous apprenons l'informatique. Ce qui veut dire beaucoup de travaux pratiques", justifie l'enseignant-chercheur. Donc des manipulations et du matériel, qui coûtent cher. Autre problème, l'IUT de Lille-1 emploie beaucoup d'intervenants extérieurs, des professionnels en activité : "Il faut les payer, et nous avons besoin d'un peu d'argent pour les attirer", remarque Bruno Beaufils.
Enfin, les IUT disposaient auparavant d'une enveloppe distincte de celles des universités à laquelle ils appartiennent. Maintenant, c'est de la responsabilité du président de chaque université de ventiler l'argent. "Dix IUT sur 112 ont des rapports conflictuels avec leur université", signale Bruno Beaufils. Les enseignants-chercheurs craignent des traitements différents selon les endroits. Ce qui voudrait dire que le DUT (diplôme universitaire de technologie) pourrait perdre son caractère national, car il ne pourrait peut-être pas être délivré partout en France. Il n'aurait donc plus la même valeur.
Le combat des IUT est simple : sauvegarder les moyens d'un enseignement qui marche. Le blocage, qui est un mouvement national, a déjà permis d'arracher un sursis. Le nouveau système d'évaluation, qui fait perdre un tiers des moyens aux IUT, ne rentrera pas en application avant 2010. Petit rappel : ce sont dans ces instituts, aux faibles droits d'inscription contrairement aux écoles privées, que se concentrent la majorité des étudiants boursiers.
S.M.
Photo : greve.univ-lille1.fr