MANIF - A Lille, sur les pavés devant l'hôtel de ville au départ de la manif pour l'éducation nationale, des parents, des profs, des élèves, des psychologues scolaires, Martine Aubry, très entourée, et, très visibles en tête, les enseignants des réseaux d'aide aux enfants en difficulté «Rased», en gilet fluo, et banderole «Non à la mort des ch'ti Rased».
Corinne, prof en lycée professionnel, et mère de deux enfants en primaire, dans le quartier populaire de Lille-Fives, est là «en tant que parent». Pas d'accord qu'on ait supprimé le samedi matin. «Les instits nous disent que c'était des heures où les enfants étaient détendus. Des choses se débloquaient qui permettaient les apprentissages». Sa fille, une blondinette de 10 ans, en CM2, tire sa mère par la manche. «Je peux avoir un drapeau? Regarde, ils en ont plein». En tant qu'élève, le samedi supprimé, elle trouve ça «mieux» Corinne rigole : «Elle adorerait qu'on supprime les autres jours aussi...»
Près de la porte de Paris, Frédéric, père de trois enfants, délégué FCPE à l'école Cornette-Dupleix de Fives. Le débat sur le service minimum l'agace : «Darcos essaie de monter les parents contre les enseignants, mais ça ne prend pas. Sur la grève, je n'entends pas d'avis négatif chez les parents. On explique la supression des réseaux d'aide, de l'école à deux ans. On explique aussi que les jardins d'enfants ne seront pas gratuits». Dans cette école, 20 enfants sur 290 concernés ont eu besoin du service minimum. Mais la mairie socialiste, qui a fait le choix d'appliquer la loi, a dû supprimer la garderie du soir, pour affecter le personnel diplômé au service minimum. «Ce qui prouve que le service minimum n'est pas une solution», dit Frédéric.
Martine Aubry est dans la manif aussi. Très entourée par les caméras et les photographes, en ce jour d'élection interne au Parti socialiste. La maire explique qu'elle tente d'appliquer à Lille une loi avec laquelle elle n'est pas d'accord, et qu'elle a du mal, faute de personnel formé.
«Culture de la grève», comme dit Xavier Darcos, le ministre? Béatrice, de Roubaix, et Isabelle, de Dunkerque, psychologues scolaires toutes les deux, se marrent : «Tout à fait d'accord! Et même, combat d'arrière garde!», ajoute Béatrice, retraitée. Elles arrêtent de rire : «on ne manifeste pas pour notre confort personnel. Mais pour les familles en difficulté. On a vu des gamins en difficulté réussir grâce aux réseaux d'aide, et on ne veut pas que ça s'arrête».
La manif démarre. Les Eclaireuses et éclaireurs de France, -scouts laïcs- ferment le cortège. Eux aussi perdent des postes «d'éducation populaire», parce qu'ils ne sont plus financés par l'Education nationale. Pareil pour la Ligue de l'enseignement, qui perd des postes dans le Pas-de-Calais. «En sport et en culture, précise leur directeur, Sylvain Crapez. Sur 18 salariés à la Ligue, trois ne sont plus financés. Une logique financière. L'Etat compte sur les collectivités locales pour payer».
H.S.