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Le séisme met Toyota au chômage technique


ÉCONOMIE- «Du pipeau.» Laurent Poisson, délégué Force ouvrière (FO) à Toyota Onnaing, ne cache pas sa colère face à l’annonce, hier de la mise en chômage partiel de son usine, du 21 avril au 2 mai. «C’est juste pour

Depuis dix jours, le site d’Onnaing, près de Valenciennes (Nord), tourne au ralenti. Selon les jours, entre 600 et 900 ouvriers des 3 100 salariés arrêtent le travail, pour demander une revalorisation de leur salaire de 1,8%, un treizième mois et une prime de 800 euros pour l’arrivée de la future Yaris, qui devrait bientôt débouler sur les chaînes de production. Salaire d’un agent de production : entre 1 200 et 1 350 euros nets. «Juste de quoi survivre», s’indigne Laurent Poisson.

Du côté de la direction, à Onnaing, on rappelle que la décision est européenne et concerne quatre usines, en Turquie, au Pays de Galles, en Grande-Bretagne et en Pologne. Raison invoquée : le séisme au Japon, et les difficultés d’approvisionnement. Des fournisseurs de composants électroniques, installés dans la région de Sendai, auraient vu leurs unités de production lourdement touchées. «On peut comprendre le tsunami. On est tout à fait d’accord pour être solidaire, on a organisé une collecte pour les salariés là-bas, tient à préciser Laurent Poisson, mais là, on a un gros doute.»

D’après les informations obtenues par les syndicalistes, il n’y aurait qu’un fournisseur concerné, un Européen implanté au Japon : «Mais ils ne peuvent pas nous dire son nom, ni les références des pièces.» Une anomalie, selon eux. D’ailleurs, la CGT a demandé à la direction du travail que des justificatifs soient fournis par le constructeur automobile pour le recours au chômage partiel. Le service de presse du constructeur refuse poliment de donner l’information : «C’est délicat pour l’équipementier, il est en difficulté, et a d’autres clients que Toyota.» Laurent Poisson hausse les épaules : «De toute façon, avec les dix jours de grève, 7 000 voitures n’ont pas été faites. Les 7 000 pièces sont là.» Pour lui, la cause est entendue : la suspension de la production ne le surprend pas, mais elle arrive trop tôt. «En temps normal, on aurait dû s’arrêter début mai, là on peut aller jusqu’à mi-mai.»

A la direction de l’usine, on glisse que la grève n’est pas arrivée au meilleur moment, qu’elle était en somme politiquement incorrecte. «Leur stratégie a été efficace, peste le délégué FO. Toyota appelle les gens chez eux, en leur disant qu’ils sont des pères de famille, que la grève ne sert à rien. C’est du lavage de cerveau !» Le calcul est vite fait : à quoi sert d’être déclaré gréviste (avec une perte moyenne de 70 euros par jour) quand on va être au chômage partiel, avec la garantie de toucher 98% de son salaire net en restant chez soi ? Hier matin, cent ouvriers sont retournés travailler.

Stéphanie Maurice