CANTONALES - Dimanche soir, il a beaucoup pleuré et pas du tout dormi. Le communiste Jean-Claude Dulieu a gagné dans le canton de Valenciennes-Nord avec 56% face à un candidat de droite classique. C'est la surprise de cette élection cantonale : alors même que le Front national progresse, sur une partie de l'ancien bassin minier, et dans le Valenciennois, les communistes, avec le Front de gauche, gagnent des élus. .
Le Parti communiste a gagné deux sièges dans le Nord. Comment expliquez vous cette poussée ?
Je ne parlerai que de mon canton. Les gens ressentent une colère par rapport à la politique actuelle. Elle s'exprime par l'abstention, le vote d'extrême-droite, ou le vote à gauche. J'ai dit aux gens : «je vous fais une offre de service, être porteur de cette colère, la transformer en espoir, être un levier d'action».
Ça ne suffit pas. On vous a élu parce qu'on vous connaît, comme président du Mrap, comme conseiller municipal ?
Je baigne dans le «travailler ensemble». On pense que la politique, c'est faire des compromis. Non. On est là pour mettre en mouvement les bonnes volontés, fédérer des intelligences locales. A Valenciennes-Métropole, je suis élu en charge de l'habitat, je travaille avec tous les maires. Pas un ne peut dire que je prends des décisions sans lui. On me connaît sur des choses concrètes.
Par exemple ?
Dans le logement social, on a inventé le logement évolutif, adaptable en cas de handicap. Parce que quand on devient handicapé, il ne faut surtout pas déménager, il faut garder des liens de voisinage. C'est au produit de s'adapter aux gens, pas l'inverse.
Vous n'avez pas parlé de politique nationale pendant la campagne des cantonales ?
Si, bien sûr. On a parlé de Sarkozy qui asphyxie les conseils généraux, qui ne donne plus d'argent. Par exemple, les gros problèmes de voirie aux entrées de Valenciennes : le département ne peut pas financer.
Le Front national a repris certains thèmes de gauche, comme la défense des services publics.
Je vais vous répondre en parlant des gens, pas des autres candidats. Les gens sont désespérés. On les met dans la souffrance, et après on les culpabilise. Par exemple, on leur parle «d'égalité des chances». Ça veut dire quoi ? Que si ils n'ont pas saisi leur chance, ils n'ont plus qu'à pleurer ? Ou encore, on leur dit qu'ils doivent travailler jusqu'à 62 ans, mais on leur dit qu'à 55 ils sont trop vieux. Comment voulez-vous qu'ils ne soient pas désespérés ? Ils ont l'impression qu'ils sont au service des élus, et non l'inverse. Il y a un vide. J'essaie d'être sur le terrain. J'offre ce que je peux offrir, je comble ce vide, j'évite que d'autres ne s'y engouffrent.
La campagne s'est passée comment ?
Une campagne de proximité, très peu de presse. Du terrain : j'ai usé trois paires de chaussures ! J'étais soutenu par des gens différents, responsables syndicaux dans le ferroviaire ou à l'hopital, d'associations d'handicapés, mais aussi un patron, qui ne partage pas mes idées, qui n'est pas de gauche, mais qui m'apprécie en tant que personne. Pas de responsables nationaux, pas de débat politique stérile.
Et dimanche soir ?
J'ai tellement pleuré de joie que je n'ai pas dormi.
Recueilli par Haydée Sabéran
BILANS - Les communistes-Front de gauche ont remporté 6 sièges dans le Nord, ils en comptent 14 -donc 2 de plus- dans la nouvelle assemblée. Ils ont remporté 6 sièges dans le Pas-de-Calais, ils en comptent 11 dans la nouvelle assemblée.
Le Front national a dépassé les 30% dans 14 cantons renouvelables du Nord sur 29, et dans 20 cantons renouvelables du Pas-de-Calais sur 35. A Condé sur l'Escaut, à Calais-centre, Calais-sud-est, à Lens-nord-est, à Montigny-en-Gohelle, à Douvrin, il est à 40%, ou plus.
Canton de Valenciennes-Nord
Inscrits : 22402 voix
Votants : 9012 voix 40,22%
Exprimés : 8490 voix 94,20%
Salvatore Castiglione (UPN) : 3735 voix 43,99%
Jean-Claude Dulieu (PCF) : 4755 voix 56,01%