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«Le banquier m'a dit : "Nous ne prêtons qu'aux fabricants de cercueils et de coffres-forts"»


ÉCO-TERRE - Il y a un an, c'était dépôt de bilan, licenciement de 24 salariés sur 77, le premier plan social de l'histoire du peignage Dumortier, à Tourcoing, né en 1896.  Aujourd'hui, le dernier peignage de France sort la tête de l'eau, avec une croissance de 35% de son chiffre d'affaires. Et la réembauche de six des anciens salariés, en CDD. Le patron, Bernard Helle, savoure : industrie et textile, ce sont deux gros mots chez les banquiers, qui l'ont lâché il y a un an. "L'un d'eux m'a dit, en guise d'humour noir, nous ne prêtons en ce moment qu'aux fabricants de cercueils et

C'était en octobre 2009. Les banques refusent le prêt d'1,5 million d'euros, nécessaire pour soutenir la trésorerie de l'entreprise, malgré les garanties offertes par les collectivités territoriales, toutes unies pour éviter la fermeture. La ville de Tourcoing garantissait le rachat des murs pour la somme prêtée, Oseo, un établissement public de soutien aux PME, contre-garantissait le tout. Rien n'y a fait. "Je suis allé au dépôt de bilan la mort dans l'âme". Bernard Helle n'avait pas le choix.

"Nous avons dû faire face à un ralentissement brutal et sans précédent de notre activité. 50% en moins du jour au lendemain, à cause de la crise. Et cela a duré une bonne année. Nos clients ont paniqué, et chez nos grands comptes, les financiers ont pris les rênes". Il se se souvient des règles du jeu qui changent, des "on vous payait à 90 jours, ce sera maintenant à 150 jours", sans marge de négociation. Il était sûr que l'activité allait repartir, il n'a pas pu convaincre les banques. Il s'est retrouvé sans autre solution que le dépôt de bilan. "J'ai réglé tous les fournisseurs que j'ai pu, je suis arrivé avec zéro en caisse."Ce qui lui a le plus pesé, c'est la solitude. Les relations de travail qui n'appellent plus.

Les délégués du personnel reconnaissent son implication dans le sauvetage de la boîte. Aujourd'hui, ils croisent les doigts : le boulot est là, pour six mois au moins. Prochaine étape, fin avril : présenter un plan de continuation au tribunal de commerce. Ce qui oblige à la mise en place d'un échéancier pour rembourser les dettes gelées lors du dépôt de bilan. "Sur cent entreprises françaises qui déposent le bilan, dix présentent un plan de continuation, et deux vont jusqu'au bout de ce plan", précise Bernard Helle. "Nous espérons être dans ces 2%."

Stéphanie Maurice

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