CULTURE - Jacques Cheynier, c'était un amoureux fou. Fou de musiques, d'où qu'elles viennent, quelles qu'elles soient, elles n'étaient jamais mineures à ses yeux. Dans l'histoire de ce coup de foudre, il racontait un voyage d'échanges scolaires en Angleterre, à l'époque du Swinging London, et les ondes magiques de Radio Caroline, bateau-radio pirate qui émettait des eaux de la Manche. Il était un collectionneur attentionné, capable de trouver aussi passionnant le yéyé que le dernier groupe noise californien. Il se levait tôt tous les dimanches matins pour courir les braderies, dénicher le 45t de Wild Thing des Troggs, ou Les Mots Bleus, de Christophe. C'était un goûteur de sillons (25 000 disques chez lui, disait-on), et il ne gardait pas pour lui ses amours, il les faisait passer, conférences sur la soul et la ségrégation, dj en soirée, commissaire d'exposition