RETRAITES - C'était à partir de 11h30, porte de Paris à Lille, le pique-nique pour continuer à marquer l'opposition à la réforme des retraites. Sous la pluie fine, et dans le froid, c'était sandwich au fromage et soupe au poireau au menu concocté par la CGT, la CFDT, l'Unsa, Sud-Solidaires et la FSU. "T'as pas apporté le beaujolais, pour faire chabrot ?", rigole un des cuistots improvisés, quand un nouveau débarque, le nez rougi. Serge, Jacques et Vincent, tous les trois à la CGT, ne sont pas venus pour un baroud d'honneur, expliquent-ils, mais pour poursuivre le mouvement
"Comme vous nous dites que les carottes sont cuites, on est venu pour les manger", se marrent-ils, avant de reprendre, "mais pour nous les carottes ne sont pas encore cuites". Les regards sont malicieux et ils rappellent, un brin moqueur, que "les placards de la République sont remplis de lois promulguées et pas appliquées". Celle-là n'étant pas effective avant juillet 2011, ça laisse le temps de changer la donne, estiment-ils. Pas de découragement donc chez la centaine de militants venus manger les sandwichs dans l'espace de chaussée protégé par les camionnettes des syndicats. L'originalité des actions, les blocages, l'unité syndicale, la lutte interprofessionnelle, la popularité du mouvement, tout cela donne de l'espoir dans les rangs. Il faut dire que les nouvelles sont plutôt bonnes, du côté des adhésions. L'Unsa affirme avoir ouvert sept à huit nouvelles sections pendant les grèves, à Toyota Valenciennes, et à Coca-Cola Dunkerque, par exemple. "On reçoit des mails de gens qui nous disent qu'ils veulent se syndiquer", témoigne Rudi Cardot, secrétaire départemental de l'Unsa. "même s'ils oublient de nous dire où ils travaillent". Il sourit : "On n'a pas gagné, mais ce n'est pas sûr qu'on ait perdu. On a marqué les esprits. Si Sarkozy nous refait un coup comme ça, sans négociation, ça va vraiment péter."
S.M.