ECO-TERRE - Le cheap, c'est chic. Depuis hier à Lille, au World Forum, on débat de l'entreprise responsable. 5 000 participants sur trois jours, venus du monde entier, et tout le gratin des grandes entreprises françaises. Aucun des grands patrons du Nord ne manque à l'appel, Auchan, Décathlon, Bonduelle, Roquette, Lesaffre... Tous là, les grands patrons, à parler de développement durable, alors on a relooké les locaux façon écolo. Murs et mobilier en cartons récupérés de chez Damart, merci la vente par correspondance. Et tant pis si les plateaux des tables bricolées se décollent un peu, pour
Autre question : les applications concrètes possibles. A 29%, ils pensent à éteindre les lumières, à fermer les robinets d'eau, à trier les déchets. 10% pensent à un management plus responsable, mais ne développent pas. Repenser les process de l'entreprise pour moins polluer ? Non : on se cantonne aux gestes individuels, qu'on peut adopter soi-même sans troubler la hiérarchie. L'environnement, c'est dans l'air du temps. On pense un peu aux relations sociales, dire bonjour à ses collègues, et être attentif à la femme de ménage. Une table, la plus jeune, la plus étudiante, ose évoquer l'hypocrisie éventuelle des entreprises, et demande si la RSE (responsabilité sociale des entreprises) ne correspondrait pas à un effet d'image. Un petit coup de green washing pour paraître plus vert, et pour économiser au passage sur ses fournitures ? L'assemblée se récrie, sincère. "Le client est le dernier censeur", affirme quelqu'un. "Il se rend bien compte si l'entreprise fait du green washing ou si elle est sincère".
Les interpellations se poursuivent, la dernière : "qu'aimeriez-vous faire de mieux demain ?". A 28%, ils votent pour la diminution des gaspillages. Encore une fois revient moins imprimer. Et tout de même, 16% pensent au dialogue social. A l'une des tables, soudain, on se prend à rêver : "un espace d'utopie, d'échange dans l'entreprise, se parler, ce serait bien, non ?" Perdre du temps, finalement.
Stéphanie Maurice