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A Lille, le World Forum lave plus vert


ECO-TERRE - Le cheap, c'est chic. Depuis hier à Lille, au World Forum, on débat de l'entreprise responsable. 5 000 participants sur trois jours, venus du monde entier, et tout le gratin des grandes entreprises françaises. Aucun des grands patrons du Nord ne manque à l'appel, Auchan, Décathlon, Bonduelle, Roquette, Lesaffre... Tous là, les grands patrons, à parler de développement durable, alors on a relooké les locaux façon écolo. Murs et mobilier en cartons récupérés de chez Damart, merci la vente par correspondance. Et tant pis si les plateaux des tables bricolées se décollent un peu, pour

Dans le village du forum, s'est niché un atelier interactif sur "les salariés au coeur de la responsabilité sociétale de l'entreprise". Ici, on écoute moins qu'on ne parle : le public est invité à donner son avis, par petits groupes de cinq ou six personnes. On s'assemble par hasard : étudiants de grandes écoles de commerce, consultants, salariés de grandes entreprises, fonctionnaires de collectivités territoriales. Plutôt cadres que petites mains. Sur l'écran, les questions défilent, et on parlemente à chaque table pour définir les réponses à taper sur l'ordinateur. Ensuite, les résultats s'affichent sur grand écran. Et là, le développement durable tombe de haut. Pour développer la responsabilité sociale dans une entreprise, qu'est-ce qui compte ? L'impulsion des chefs d'entreprise ou l'implication des salariés ? Sur dix groupes, seuls deux mettent à plus de 5 sur une échelle de 10 l'importance de la participation des employés. Et pour tous, c'est le patron qui compte. S'il veut, on fait. "On ne veut pas se mettre le patron à dos", explique un participant. Un autre : "Ne pas réfléchir, ça fait gagner du temps, et le temps, c'est super précieux dans une entreprise. Prendre du temps, la direction n'appréciera pas." Donc réfléchir pour améliorer les pratiques au sein de son entreprise risquerait d'être mal vu.

Autre question : les applications concrètes possibles. A 29%, ils pensent à éteindre les lumières, à fermer les robinets d'eau, à trier les déchets. 10% pensent à un management plus responsable, mais ne développent pas. Repenser les process de l'entreprise pour moins polluer ? Non : on se cantonne aux gestes individuels, qu'on peut adopter soi-même sans troubler la hiérarchie. L'environnement, c'est dans l'air du temps. On pense un peu aux relations sociales, dire bonjour à ses collègues, et être attentif à la femme de ménage. Une table, la plus jeune, la plus étudiante, ose évoquer l'hypocrisie éventuelle des entreprises, et demande si la RSE (responsabilité sociale des entreprises) ne correspondrait pas à un effet d'image. Un petit coup de green washing pour paraître plus vert, et pour économiser au passage sur ses fournitures ? L'assemblée se récrie, sincère. "Le client est le dernier censeur", affirme quelqu'un. "Il se rend bien compte si l'entreprise fait du green washing ou si elle est sincère". 

Les interpellations se poursuivent, la dernière : "qu'aimeriez-vous faire de mieux demain ?". A 28%, ils votent pour la diminution des gaspillages. Encore une fois revient moins imprimer. Et tout de même, 16% pensent au dialogue social. A l'une des tables, soudain, on se prend à rêver : "un espace d'utopie, d'échange dans l'entreprise, se parler, ce serait bien, non ?" Perdre du temps, finalement.

Stéphanie Maurice