«Faire grève, ça pèse sur un budget»

«Voir autant de monde, aujourd’hui à Lille, [15 000 manifestants, ndlr] je trouve ça émouvant. Ça encourage à remettre le couvert. Mais le risque de la grève reconductible, c’est qu’on soit de moins en moins nombreux, je ne suis pas trop pour. Une grève générale ? Ce serait bien, mais je n’y crois pas trop. Il y a la réalité économique. Faire grève, ça pèse sur un budget. Pour moi, ce n’est pas compliqué, je suis administratrice de compagnie, je peux reporter mon travail à un autre jour, je m’organise. Mais pour les autres ?

«Je ne sais pas si la réforme aura un effet sur les élections en 2012. On se dit qu’il est impossible que les gens oublient, et puis parmi les gens que je côtoie personne n’a voté pour Sarkozy, alors je sais qu’ils ne le feront pas non plus en 2012. Mais est-ce que ceux qui ont voté Sarkozy et qui le regrettent se souviendront de la réforme des retraites ? 2012, c’est loin. On fait passer les mauvais coups maintenant, et les choses plus consensuelles un peu avant l’élection. Il y a aussi les gens qui pensent que cette réforme est douloureuse mais nécessaire, que c’est une fatalité. Ils n’ont pas entendu d’opinions contraires, on leur a dit : "c’est la démographie", "on sait mieux que vous", "c’est pour votre bien", ils le croient, ils se résignent. Et puis, on sait qu’une élection peut basculer dans les quinze derniers jours de la campagne. Si ce n’est pas Sarkozy, ça peut être une autre personnalité de droite, qui ne reviendra pas sur la réforme.»

Recueilli par Haydée Sabéran

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