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Ramadan : «cette année ça sera un peu long»


TÉMOIGNAGES - Cinq musulmans du Nord-Pas-de-Calais racontent comment ils vont concilier le mois de jeûne et leur vie, entre autres, professionnelle.

Rachid, 35 ans salarié dans le marketing, Béthune

«Cette année, ça sera un peu long. Me lever tôt ne me gêne pas, je me lève déjà très tôt pour attraper un train à 6 h 30. Je prends un petit-déjeuner costaud, pain et fromage, et surtout, je bois beaucoup. Les premiers jours, je sens la faim vers 11 heures, et puis c’est surprenant comme le corps s’habitue. Chaque année je suis surpris. Mon père de 83 ans, ascète de nature, le vit toujours très bien, peut-être mieux que moi ! Il y a un peu de fatigue en fin de journée au travail. Un petit break ça serait bien, un lieu entre midi et deux pour se poser. J’ai un ami qui travaille en open space. Sa boîte lui a prévu un coin sympa, il pourra dormir sur ses bras entre midi et deux

Samia, 40 ans femme de ménage, Lille

«On s’est arrangé pour commencer plus tôt. Mes deux collègues sont musulmanes, on a demandé au patron si on pouvait commencer à 5 heures au lieu de 7 h 30 pendant un mois. Le patron a demandé à son client, une chaîne de restaurants, ils ont dit oui. On préfère travailler avec quelque chose dans le ventre, et se reposer ensuite, plutôt que l’inverse. Le client n’était pas obligé d’accepter. On a de la chance.»

Houria, 46 ans juriste au chômage, Ostricourt

«Le ramadan n’est pas obligatoire, c’est un acte d’amour. Ça me semble facile parce que je sais pourquoi je le fais. Ça provoque une paix dans le cœur. Je suis plus calme, plus patiente. Je ne change rien à ma façon de vivre, sauf que je me lève plus tôt, je prie plus, je lis plus le Coran. En temps normal, si je ne mange pas le midi, ça ne va pas. Là, c’est comme si mon cerveau savait, et il apaise l’estomac. Un bien-être. Je ne me suis jamais droguée, mais ça doit être un peu pareil ! Attention, les personnes âgées, les malades, les femmes enceintes ne doivent pas le faire. Quand je vois un diabétique qui fait le ramadan, je lui dis : "Dieu t’autorise à manger".»

Khalida, 37 ans coiffeuse, Lille

«C’est un peu fatigant, mais quand on a la foi, tout se passe bien. Le matin, je mange des dattes, je bois du lait, beaucoup d’eau. Je ne change pas mes horaires de travail. J’ai de la chance, le salon de coiffure est calme en été. Quand je rentre, je prépare. Je suis seule, ma famille est en Algérie, alors le soir, on se réunit entre copines. Je ne pourrais pas me passer de faire le carême.»

Fatiha, 50 ans employée de bureau, Lille

«Il faut s’adapter. On n’est pas dans une société où les musulmans sont majoritaires, et où les horaires sont adaptés au ramadan. Je vais prendre mes vacances pour faire mon ramadan tranquille. J’ai envie de me reposer quand je veux. Je n’ai pas envie de rentrer chez moi dans une voiture qui a chauffé au soleil, après une journée de travail, dans ces circonstances. Et s’il ne fait pas chaud, je raccourcirai mes vacances pour retourner travailler, mon responsable est d’accord. Et je viendrai à 8 heures au lieu de 8 h 30, pour me reposer plus le midi, les yeux fermés, dans mon bureau. J’ai osé lui en parler, il a dit "du moment que le travail est fait." Ma fille, elle, n’est pas sûre de pouvoir jeûner cette année. Elle a un poste à responsabilités, il faut toujours être au top, assurer et assumer dans les réunions. Elle m’en a parlé, je lui ai dit "tu es grande, c’est toi qui décides."»

Recueilli par Haydée Sabéran

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