Il y avait bien du monde, hier soir à la Mres (Maison régionale de la nature et des solidarités), rue Gosselet à Lille, pour organiser la riposte face aux expulsions massives des Roms. Le matin même, encore, à Villeneuve d'Ascq, neuf adultes et douze enfants ont été "évacués", selon les termes de la préfecture du Nord, et placés en garde à vue, pour "occupation illicite d'un terrain privé". Bertrand Verfaillie, l'un des membres du collectif, épingle ce motif juridique, qu'il trouve fragile : "C'est aussi léger que du camping sauvage." Avec intervention des forces de l'ordre, et réveil des enfants à cinq heures du matin, s'indigne un autre participant. "Quel problème de sécurité pose ces gens ?", demande Bertrand Verfaillie. "Aucune personnalité politique n'a de réponse cohérente. Il faut insister sur ce point : cette politique ne se justifie pas en termes de réalisme et d'efficacité sécuritaire." L'assemblée peaufine les arguments, car l'enjeu est résumé par Gérard Minet, de la Ligue des droits de l'homme : "Il y a une montée assez phénoménale en ce moment de toutes les forces morales, de gens qui incarnent les valeurs morales de notre République : à l'intérieur de la majorité qui a porté ce gouvernement au pouvoir, au sein des associations et de l'église catholique. Comment faire pour réussir à augmenter la boule de neige ?" Décision est prise de manifester devant la préfecture jeudi à 18h, prélude d'un rassemblement plus important vendredi 3 septembre place de la République à Lille, à 18h également. Une manifestation régionale se tiendra également à Tourcoing à 11h le samedi 4 septembre. Elle ne portera pas seulement sur la question du traitement des Roms, mais de manière plus large veut s'opposer à la politique sécuritaire du gouvernement.
Au-delà de la mobilisation de l'opinion publique, le collectif veut également mobiliser les élus, en particulier de gauche, sur la question des Roms, avec une lettre adressée à chacun d'entre eux."Il faut opposer le care, pour prendre le mot de Martine Aubry, à l'exclusion", lance un des présents. Pour l'instant, les réunions à la communauté urbaine de Lille, avec le staff technique de Martine Aubry, n'ont pas donné grand-chose."Pourtant, il n'y a pas d'invasion de Roms", rappelle Bruno Mattéi, d'ATD Quart Monde. "Calmons-nous. Ils sont entre mille et 1200 sur la métropole lilloise. Si chaque commune prenait trois familles, l'affaire serait réglée. Mais à part trois ou quatre maires, les autres sont convaincus que les Roms sont merveilleux, mais surtout pas chez eux."
Stéphanie Maurice