FAITS-DIVERS - Actualisé le 7 septembre - Christophe Langlet, le frère d'Olivier, inhumé dans le carré d'indigents du cimetière d'Hellemmes, près de Lille, sans que sa famille ne soit avertie de son décès, témoigne de son incompréhension.
"Mon frère, c'était un tempérament de solitaire. Il avait arrêté de toucher le RSA, et avait repris le boulot, il était pâtissier. Il vivait dans sa chambre à Hellemmes, on avait des nouvelles de lui en pointillés. Sur certaines périodes, il pouvait appeler tous les jours, puis ne plus donner signe de vie pendant des mois. C'était son choix. Tomber comme cela, par hasard, sur sa tombe, c'est bouleversant, c'est un choc. On se dit, ce n’est pas lui, c’est quelqu’un d’autre. Je vais l’appeler, il va me répondre… Hé bien non. Ne pas avoir pu lui dire au revoir... Ne pas savoir de quoi il est décédé, et en plus de l'apprendre comme cela. Il avait 42 ans, on se pose des questions, quand même. On a appelé la police pour avoir des explications, ils nous ont dit qu'il n'avait qu'un seul contact dans son portable. Cela m'étonne. Courant juin, il m'avait envoyé un texto, pour prendre des nouvelles, pour dire bonjour. Théoriquement, avec les moyens d'investigation d'aujourd'hui, , ils auraient dû nous retrouver, nous sommes facilement identifiables. Ils ont accès aux fichiers de la sécurité sociale, des impôts, aux listes électorales. J'ai du mal à comprendre. Sur l'acte de décès de l'Etat-civil, les noms de mon père, de ma mère, de son ex-épouse apparaissent. On se dit cette affaire-là a été prise à la légère. C’est intolérable, quand on voit le côté indigne de l’inhumation de mon frère. Maintenant, nous allons exhumer le corps, et l'enterrer en suivant les souhaits de mon frère. Il était croyant, il voulait une messe, une incinération et la dispersion de ses cendres. Il en avait parlé à ma mère. Ce que nous voulons surtout, c'est que cela ne se reproduise plus."
Recueilli par Stéphanie Maurice
L'ENQUÊTE - Le parquet de Lille a saisi un service de
la "police des polices" afin d'enquêter sur les vérifications qui ont
été effectuées par les policiers, a-t-on appris le 6 septembre.
Selon une source judiciaire, les policiers avaient effectué une enquête
de voisinage et exploité le téléphone portable du défunt sans résultat.
La famille d'Olivier Langlet avait estimé que ces recherches pour tenter
de les contacter, avaient été insuffisantes.
Le parquet de Lille a donc saisi la semaine dernière le Bureau des
affaires judiciaires, de discipline et de contrôle (BAJDC) de Lille afin
de "préciser les raisons pour lesquelles la famille n'a pas pu être
avisée", selon une source judiciaire.
Les résultats seront transmis au directeur départemental de la sécurité
publique.
Si cette enquête montre que les vérifications n'ont pas été faites
conformément aux règles, des suites disciplinaires pourraient être
données à cette affaire. Cette enquête est également susceptible de
donner lieu à une note de service afin d'éviter que de tels faits ne se
reproduisent.
Le BAJDC, qui n'existe qu'à de rares endroits en France, a un rôle de
contrôle disciplinaire et des affaires judiciaires. Il est un équivalent
de la "police des police", l'IGPN (Inspection générale de la police
nationale), qui a la charge des affaires les plus graves impliquant de
policiers.