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La prison vétuste de Loos détruite en 2011 : regrets


PRISON - C'est officiel, la prison de Loos, près de Lille, 797 places au total, installée dans une ancienne abbaye cistercienne créée au XIIe siècle,  va être rasée en juin 2011. Juste au moment de l'ouverture du nouveau domaine carcéral d'Annoeulin, qui recevra les détenus et les gardiens sans toit. Surpopulation chronique, vétusté certaine, Loos n'avait pas une bonne réputation sur le plan de la salubrité. La vieille prison sera cependant regretté : "On veut faire des prisons à l'américaine, où les surveillants disparaissent de la vue de la population incarcérée", s'inquiète Cédric Deprez, délégué régional FO pénitentiaire. Moins humaines, explique-t-il, ce que confirme l'Observatoire international des prisons.
Loos a longtemps été la seule prison de la métropole lilloise, avec un centre de détention réservé aux longues peines de 359 places, et une maison d'arrêt, pour les détentions provisoires et les courtes peines, de 438 places. En 2005, a ouvert le centre pénitentiaire de Sequedin, 596 places. Il devait remplacer Loos, les deux prisons vont en fait rester ouvertes. Il faudra l'ouverture de la nouvelle prison d'Annoeulin, 700 places prévues, pour que Loos soit détruit, en 2011. Et l'administration pénitentiaire prévoit sa reconstruction, sans doute sous une autre forme, peut-être réservée aux courtes peines, de plus en plus nombreuses. "On reste dans la droite ligne de la politique pénale actuelle", constate Anne Chéreul, de l'OIP (Observatoire international des prisons) Lille. "La fermeture annoncée de Loos, mais aussi de Béthune et de Dunkerque, c'est l'arbre qui cache la forêt. Le seul problème que l'on résoud, c'est le problème de l'hygiène et de la salubrité." Ces dernières années, l'OIP a constaté un accroissement du nombre d'incarcérations."Aujourd'hui, nous sommes dans une phase de stabilisation haute", explique Anne Chéreul. "Pourtant, 85% des détenus sortent après moins d'un an d'incarcération : la prison n'a aucun intérêt pour eux." L'OIP milite pour des alternatives à l'incarcération, sursis avec mise à l'épreuve, semi-liberté, placements extérieurs.

Cédric Deprez, délégué régional FO pénitentiaire, voudrait que les prisons nouvelles soient plus humaines : "C'est sûr que les conditions de travail sont difficiles à Loos, mais c'est un établissement chaleureux, si on peut dire. Bon nombre de détenus disent, Sequedin, c'est tout neuf, nous on préfère la maison d'arrêt de Loos. C'est peut-être par rapport aux failles qui peuvent exister à Loos, mais Sequedin est considéré comme anxiogène. Les conditions d'incarcération sont pourtant meilleures, avec une douche dans les cellules" Ce qu'il critique, c'est la différence de conception : les prisons modernes sont conçues avec de nombreux sas vitrés, qui séparent la population carcérale des surveillants."Quand un détenu a un problème à Loos, l'agent le prend en considération. A Sequedin, avec les vitres teintées, il n'y a plus de contacts. On veut faire des prisons à l'américaine, où le surveillant disparaît de la vue de la population incarcérée. Il ne peut plus être dans son rôle d'autorité, rappeler quelques règles de vie en commun. Les détenus sont entre eux." Anne Chéreul ne veut pas idéaliser Loos, où, rappelle-t-elle, "des personnes vivent très mal leur incarcération", mais elle reconnaît que "ces nouveaux établissements raréfient les contacts humains et augmentent la violence." Elle glisse aussi que dans le dernier rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté, celui-ci préconise une taille maximum de 200 places des nouveaux établissements pénitentiaires.

Stéphanie Maurice