ÉCO-TERRE - Marre d'engraisser votre banque? Vous croyez que capital peut rimer avec moral? Jetez un oeil sur les clubs de Cigales,qui fêtent leurs 25 ans dans la région. Vous versez entre 8 et 450 euros par mois, et vous aidez un créateur d'entreprise tendance solidaire, ou bio, ou les deux.
Et ça rapporte? «On n'est pas là pour perdre, mais on n'est pas là non plus pour gagner des dividendes», résume Claudine Barideau, présidente des clubs Cigales Nord Pas-de-Calais. C'est «une réunion de citoyens, vous, moi, votre voisin, qui constituent une cagnotte, qui ont envie d'agir, et envie de savoir à quoi sert leur argent». Un club, c'est cinq ans, entre dix et vingt personnes. Au bout de cinq ans, on récupère sa mise, et plus si la valeur de la part a augmenté. «Si elle est multpliée par 10, tant mieux, mais on ne récupèrera pas dix fois notre mise. Si c'est multiplié par deux, on sera très heureux». Au passage, les sommes sont défiscalisées, à 25% (1), parce que c'est du capital-risque. Du coup, si l'entreprise marche -huit cas sur dix, selon l'asso-, ça rapporte autour de 5% au bout de cinq ans.
Et ça prend du temps? Une réunion par mois, dix mois sur douze, à chaque fois deux heures, racontent les cigaliers, pour «promouvoir des entreprises respectueuses de l'homme et de l'environnement». Aussi, donner un coup de pouce à ces créateurs, parfois perdus parce que seuls, en leur offrant un réseau et des conseils. En France, une entreprise créée sur deux se casse la figure au bout de trois ans. Celles portées par les Cigales sont toujours debout au bout de cinq ans, pour les trois-quarts, assure l'asso. Le label ouvrirait aussi les portes des banques : si un dossier est parrainé, c'est du meilleur effet. «Les banquiers nous disent : "on n'a pas le temps de passer plus d'une demi-heure sur un dossier, et on n'a pas toutes les compétences pour juger"», raconte Guy Pruvot, cigalier à Cambrai. Les cigaliers de la région ont reçu 191 candidats l'an dernier, ont examiné 79 projets, et sont entrés dans le capital de 25.
A Roubaix, Simon Jones a levé 10.000 euros chez les Cigales et à la Caisse Autonomie et Solidarité sur les 39.000 de sa SARL. Il pense que sans eux, il n'aurait pas eu d'emprunt. Il rencontre ses parrains tous les mois, «pour m'obliger à faire un point, sinon, j'ai la tête dans le guidon». Grâce à eux, il a pu trouver les mots pour régler un problème d'impayé. Il trouve qu'il y a un «réel échange».
Depuis 25 ans, les Cigales ont financé La Fabrique à rêves, librairie à Templeuve, De l'art dans la soupe, resto rapide bio à Lille, So Jones, menuisier agenceur à Roubaix, Alter Energie, marchand de poëles à granules de bois à Roubaix, ou Batis Cap 21, scop de charpentiers à Bachant.
Ici, les Cigales font des petits : sur 140 clubs en France, 48 se trouvent dans le Nord Pas-de-Calais.
Haydée Sabéran
25 ANS – Les Cigales Nord Pas-de-Calais fêtent leur anniversaire demain soir au parc Mosaïc d'Houplin Ancoisne, à partir de 18h30.