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Bonne nouvelle, le port de Dunkerque s'ensable


ENVIRONNEMENT - Tous les jours, un centimètre de sable s'accumule dans le port de Dunkerque. Trois millions de m3 par an, soit l'équivalent d'une barre d'immeuble d'un kilomètre de long, 100 mètres de large et 30 mètres de haut. Jusqu'il y a encore peu, on ne s'en faisait pas. On draguait, et on rejetait tout en haute mer. Mais le port autonome de Dunkerque a senti le vent tourner. Il a testé, avant tout le monde, toutes les manières de récupérer ces sédiments. Aujourd'hui, alors que l'Union européenne  va imposer le stockage des sédiments sur terre, le voilà pilote, et avec lui la région Nord-Pas-de-Calais, du projet national Sédimatériaux. Explications de Christian Traisnel, directeur du cd2e, le centre expert pour l'émergence des éco-technologies.

Pourquoi a-t-on besoin de draguer le port de Dunkerque ?
Pour les gens du port autonome, c'est vital : il faut préserver le tirant d'eau de 18 mètres de profondeur pour pour pouvoir accueillir les gros cargos. C'est un élément de compétitivité important par rapport aux autres zones portuaires. L'Angleterre n'a pas fait cet effort-là : les bateaux sont obligés de venir à Dunkerque, Anvers ou Rotterdam pour décharger leurs marchandises sur des navires de plus petit gabarit, capables d'accéder aux ports anglais.  

Le volume des sédiments retirés est-il important ?
C'est énorme. Surtout quand on sait que bientôt une réglementation européenne va interdire le clapage (le rejet en mer, ndlr). Dès 1995,1998, le port autonome de Dunkerque a senti le vent tourner, et s'est dit que cette pratique ne serait plus acceptable. Sur les trois millions de m3 de sédiments retirés chaque année du port de Dunkerque, deux millions sont aujourd'hui rejetés en mer. Avec le reste, ils testent les meilleures voies d'utilisation de ce limon, avec la coopération de l'Ecole des Mines de Douai. Notre centre d'expertise les aide à trouver des financements publics.

Ces sédiments sont-ils pollués ?
Entre 4 à 5% du volume sont pollués.

Quelles sont les principales voies explorées pour les utiliser ?
Premier usage, en faire des buttes paysagères coupe-vent. Deuxième usage, utiliser ce sable comme matériau de sous-couche de routes. Cela a été testé sur cinquante mètres, les résultats sont très probants, il faut maintenant voir sur une plus grande distance, avec un trafic intensif. Troisième possibilité, se servir des sédiments sableux dans des bétons. Par exemple pour fabriquer des tripodes (des blocs de béton à trois branches utilisés pour retenir le sable des dunes, ndlr). Ou pour faire des pavés, des dallages, des quais. Autant garder les granulats de bonne qualité pour les bâtiments, qui exigent des bétons avec des caractéristiques techniques particulières. Quatrième voie, reboucher des anciennes carrières. Ce qui exige des études, pour voir si on ne va pas perturber les milieux. Les sédiments ont séjourné dans l'eau salé, il faut voir s'il faut les laver avant, par exemple.

Aujourd'hui, vous êtes pilote, et la région Nord-Pas-de-Calais avec vous, du projet national Sédimatériaux. Expliquez-nous de quoi il s'agit.
Le Nord-Pas-de-Calais est pionnier sur la valorisation des sédiments. Le ministère du développement durable nous a reconnu chef de projet sur cette opération, pour faire un travail de capitalisation des données. Comment peut-on dépolluer les sédiments, comment peut-on les revaloriser. Comme le port autonome a bénéficié de subventions et de financements publics, il a accepté de mettre à disposition leurs résultats pour faire avancer le schmilblick.

Recueilli par Stéphanie Maurice