SOCIÉTÉ - Contre la violence scolaire et l'absentéisme scolaire, Rabah Mézine, représentant de la fédération de parents d'élèves Peep dans le Nord, réclame moins de «ghettoïsation», plus de «moyens humains», s'insurge contre la suppression la carte scolaire, et réclame plus de place pour les parents à l'école.
Quelles solutions contre la violence à l'école?
D'abord, je constate que les
établissements ne sont pas à feu et à sang. On
ne parle pas assez de ce qui va, des gamins qui réussissent.
Il faut aussi se poser la question de la violence dans la société,
débattre avec les éditeurs de jeux vidéo. Reconnaître que la suppression de la carte scolaire n'a fait qu'amplifier les problèmes.
L'orientation est un réel souci : les enfants d'ouvriers n'ont
pas accès à toutes les informations sur les métiers,
les concours. Et pas les outils pour accéder aux grandes
écoles. Les expériences de «discrimination
positive», sont un aveu d'échec, on ne devrait pas avoir
à en passer par là. Dans une école soit-disant
égalitaire, les énarques ne devraient pas être
presque tous des enfants de bourgeois. Et puis c'est toute la société
qui doit se poser la question. Qu'est-ce qu'on réserve à notre
jeunesse? Un vrai métier, de la reconnaissance, ou bosser chez Mac Do?
Vous étiez aux états
généraux de la violence à l'école à
Paris, début avril. Un rendez vous manqué?
Je trouve, oui. C'était
l'occasion pour toutes les parties de l'équipe pédagogique
de mettre tout sur la table. Mais on a eu des discours conceptuels,
des débats d'experts. Et on n'a rien appris. J'ai retrouvé
le même état des lieux que celui des zones de misère
sociale de notre région : certains établissements
vivent la violence parce qu'on ghettoïse, parce qu'on regroupe
la misère. Les jeunes ne sont pas dupes. Ils sentent cette
ghettoïsation, ils s'expriment de manière violente. Il
faut pas s'étonner que ça explose.
Que les pouvoirs publics fassent ce
constat, c'est déjà une bonne chose?
Le contraire serait inquiétant.
Si des recteurs, et des ministres n'avaient pas conscience de la
réalité, ce serait grave.
On n'a pas écouté les
parents d'élèves?
On n'a pas été reconnu.
On n'a pas considéré notre travail. Dès le
discours de bienvenue. On a remercié pour leur présence
les recteurs, les inspecteurs d'académie, et c'est tout.
Pourtant, sans nous, rien n'est possible.
Et l'absentéisme?
L'absentéisme aussi c'est une
violence, l'expression d'un mal être. Pourquoi le gamin ne
vient plus à l'école? Il ne se sent pas capable
d'ingurgiter un savoir. Pour aller le chercher, il faut des moyens
humains. Et pas seulement des profs. Ça peut être des
personnes à la retraite, qui viendraient compléter des
retraites de misère, des parents référents,
payés, bien sûr, des conseillers principaux d'éducation.
Les millions qu'on ne mettra pas aujourd'hui, on le paiera au
centuple dans dix ans.
Recueilli par Haydée Sabéran