Une quarantaine d'anciens mineurs marocains occupaient depuis mardi matin les locaux de l'Agence nationale pour la Garantie des Droits des Mineurs (ANGDM) de Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais) pour réclamer l'assurance de rester dans leur logement. Et obtenir les mêmes droits que leurs anciens collègues, les "mineurs français et européens", des générations qui les ont précédés.
Une vingtaine d'entre eux, des personnes âgées,
s'apprêteraient à y passer la nuit dans l'attente d'une réponse, a
indiqué à l'AFP Abdellah Samate, président de l'Association des Mineurs
marocains du Nord/Pas-de-Calais (AMMN), fondée en 1989.
Selon Abdellah Samate, "les anciens mineurs marocains du Nord sont
aujourd'hui dans des situations précaires ne leur permettant plus
d'acquitter les factures liées aux logements qu'ils occupent depuis
qu'ils sont arrivés en France pour travailler dans les mines. Ils sont
donc aujourd'hui menacés de se retrouver à la rue".
Les plans sociaux mis en place à la fermeture des mines
"n'ont pas permis l'insertion et la reconversion des mineurs
marocains", si bien qu'aujourd'hui ils "se retrouvent
avec des retraites de misère ne leur permettant pas de subvenir à leurs
besoins et ceux de leur famille", a expliqué Abdellah Samate.
"Ce que nous réclamons aujourd'hui, c'est l'assurance que les mineurs
marocains pourront rester dans les logements qu'ils occupent
aujourd'hui. Et nous ne bougerons pas tant que nous n'aurons pas de
réponse". Selon lui, le directeur de l'ANGDM s'est d'ores et déjà engagé à
étudier chacun des dossiers pour trouver des solutions.
Après la fermeture des derniers puits dans les années 1980, les mineurs marocains, comme les collègues de leur génération, celle des derniers embauchés à la mine, ont converti en capital les avantages en nature que les mineurs percevaient à vie, comme la gratuité du logement. Ils ont perçu autour de 200.000 francs, plan de conversion compris. Mais quelques années plus tard, au chômage, illettrés dans leur immense majorité, ils se retrouvent à la case départ, et ont perdu le logement et le chauffage gratuit. Leurs enfants ont grandi, et leur logement n'est plus couvert par l'aide au logement.
Leurs prédécesseurs plus âgés, en majorité français et européens, avaient pu prendre leur retraite sans perdre ces droits. Même chose pour ceux qui avaient 20 ans d'ancienneté. Or les mineurs marocains, embauchés dans les années 60 et 70 avec des contrats précaires pour permettre la fermeture des mines, et n'ont passé qu'une quinzaine d'années à l'abattage du charbon. Une grève solidaire, en 1980, leur a permis d'acquérir le statut du mineur. Mais n'a pas empêché la fermeture des puits, bien avant la fin de leur carrière.