SOCIÉTÉ - «Julie, jette-les, c'est une bombe!», a crié un élève. La surveillante qui a ramassé les deux bouteilles en plastique a eu chaud. Elles ont explosé en l'air, quelques mètres plus loin. La surveillante s'en tire avec quelques taches d'acide sur son gilet. C'était vendredi après midi, à la fin de la dernière récréation de la journée, dans ce collège de la ZUP du quartier populaire du Beau-Marais de Calais. Des deux bombes artisanales à l'acide chlorhydrique et à l'aluminium jetées depuis l'extérieur au Collège Martin Luther King. Elles ont explosé sans faire de victime. Les enseignants, et toute l'équipe éducative, ont exercé leur droit de retrait.
Des élèves, et des personnes extérieures au collège ont été arrêtées. Une enquête est en cours. Deux jeunes de 15 ans, un élève et un ancien élève du collège ont été placés en garde à vue aujourd'hui. ils devraient être bientôt mis en examen pour «violences aggravées dans une enceinte scolaire, fabrication d'engins explosifs», selon le Parquet de Boulogne-sur-mer.
«On a frôlé la catastrophe», raconte Rémi Poison, prof de maths, et porte-parole des enseignants. «On exerce notre droit de retrait, car on ne peut pas mettre la vie des gosses et la nôtre en danger.». Cet après-midi, ils ont rencontré l'inspecteur d'académie. Selon eux, le collège, dont les élèves sont en grande difficulté sociale, manque d'adultes : «il y avait 22 assistants d'éducation dans le collège il y a 8 ans, contre 12 aujourd'hui».
Selon le rectorat, le collège dispose de «3 CPE, de 6 assistants pédagogiques, de 4 médiateurs de la réussite, de 7,5 postes d’assistants d’éducation, de 3 enseignants supplémentaires Ambition réussite, d’une assistante sociale à temps partiel (80%) et d’1,5 poste d’infirmière», pour environ 500 élèves. «Depuis la suppression de la carte scolaire, quinze à vingt familles ont quitté le collège», déplore Francis Gest, enseignant, «il devient un ghetto»
Haydée Sabéran