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Le ministre de l'Immigration content de lui à Calais


POLITIQUE - Il avait fait vider la «jungle» de Calais le 22 septembre dernier. Six mois après, Eric Besson, ministre de l'Immigration, est revenu à Calais hier, pour faire savoir qu'il était content, et annoncer que le Calaisis n'est «presque plus» une «plateforme du trafic international de migrants». Aux côtés de son homologue britannique Phil Woolas, et chiffres à l'appui. Les associations confirment une baisse, mais estiment qu'elle est au prix d'une pression intense sur les candidats au passage clandestin vers Douvres. Par ailleurs, elles n'ont pas tout à fait les mêmes chiffres que le ministre.

A l'oeil nu. Hier midi, dans un salon vitré qui surplombe le port de Calais. Au micro devant les journalistes, Eric Besson, et son homologue britannique, Phil Woolas. «Le nombre d'étrangers en situation irrégulière sur le littoral français de la Manche et de la mer du Nord n'est plus que de 150 à 200, contre un millier voici encore quelques mois», estime le ministre français. Il annonce «75 tentatives d'embarquement clandestin les quinze premiers jours de mars contre 1452 en septembre 2009», soit dix fois moins. De l'autre côté de la Manche, son collègue anglais comptait 2095 camions concernés en février 2009, pour 392 un an plus tard.

Etanche. Par la fenêtre, sous le soleil, le ballet des poids-lourds qui entrent et sortent des ferries. Les contrôles ont rendu le port de plus en plus étanche. A quelques centaines de mètres de là, rue de Moscou, La Belle Etoile distribue le repas, «à 162 personnes», a compté l'association humanitaire. Quelque 160 migrants au repas à Calais, ça veut dire beaucoup plus sur le «littoral français de la Manche et de la mer du Nord». Jean-Claude Lenoir de l'association Salam, ajoute qu'il compte en général «200 personnes» au repas du soir en semaine, et «300 le samedi», ce qui veut dire, pour lui, «400, à Calais même». S'il s'en tient au littoral, il les estime à «600 personnes, au minimum», «800 si on entre à l'intérieur des terres, vers Angres, Saint-Omer» et toutes les aires d'autoroute qui mènent vers la mer. C'est quand même deux à trois fois moins qu'au moment du pic de la «jungle» à l'été 2009. Sans confirmer les chiffres spectaculaires d'Eric Besson, il y a une baisse, visible à l'oeil nu.

«Invisibles». Pourquoi cette baisse? D'abord un retour aux chiffres auxquels on s'était habitué depuis l'après-Sangatte, autour de 800, dispersés sur le littoral, et le long des autoroutes du secteur. Ensuite, à Calais, il y a le «harcèlement» dont parlent les humanitaires : «M. Besson se targue de concilier fermeté et humanité, c’est un mensonge, nous constatons tous les jours que la situation des réfugiés est inhumaine : lorsqu’ils sont harcelés par la police au point que le sommeil devient impossible, lorsque le matériel  humanitaire est systématiquement détruit, lorsque la protection des mineurs prévue par la loi est absente, lorsque l’accès au droit d’asile est impossible du fait des conditions de vie», a indiqué hier le collectif C'SUR (1) dans un communiqué. Jean-Claude Lenoir ajoute : «C'est devenu très dur depuis un mois et demi. Dans la rue, dans les squats, partout. Du coup, ils viennent moins aux repas. Des CRS qui passent dans un squat deux fois dans la même journée, c'est banalisé. L'objectif, c'est de les rendre invisibles».

Haydée Sabéran

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