ÉCONOMIE - La direction de Total a annoncé aujourd'hui qu'elle avançait la date du comité central d'entreprise, prévu initialement le 29 mars, le 8 mars. C'était une des demandes des grévistes de la raffinerie des Flandres à Mardyck, près de Dunkerque. Marc Pigeon, délégué CGT, ironise : "Pour l'instant, on ne le sait pas encore.On l'a appris par la presse, c'est d'ailleurs insultant pour nous, les élus devraient avoir la primeur de ces informations-là." Il attend d'en savoir plus et annonce d'ores et déjà l'extension du mouvement : "Les deux raffineries d'Exxon Mobil se mettraient en débit mini ou à l'arrêt demain".
Marc Pigeon reste dubitatif sur le geste de Total. "Hier soir, j'étais au siège parisien pour les négociations, et on est parti le ventre vide. On était encore sur la date du 29 mars. Cela veut bien dire qu'il y a des pressions du gouvernement. Mais le 8 mars, il faut voir si on pourra se parler des différentes orientations concrètes, qu'on pourra analyser. Si on est encore dans le très flou et le pas encore fini, ce sera se foutre de la gueule du monde. Qu'ils nous annoncent clairement la fermeture du raffinage, et qu'ils accouchent de ce qu'ils veulent faire derrière."
Pour lui, le futur projet industriel évoqué n'est absolument pas abouti. Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a beau demander à Total de redémarrer la raffinerie si le groupe n'a aucune proposition concrète sur le devenir du site, le syndicaliste est sceptique. "Moi, je veux bien qu'il redémarre le raffinage, mais avant, il faut faire le grand arrêt [une maintenance obligatoire tous les cinq ans dans les raffineries : celle de la raffinerie des Flandres devait débuter en mars, NDLR]. Il faut retrouver les moyens humains, les 4 000 personnes nécessaires, alors que Total a tout annulé." Donc, le ministre va plus vite que la musique.
Les syndicats ont beau demander la réouverture de l'usine, ils savent qu'il y a peu d'espoir. Ils veulent surtout un vrai projet industriel, qui permettent de sauver les emplois sur la zone d'activité dunkerquoise. Car, outre les sous-traitants, au moins cinq autres usines dépendent de l'activité de la raffinerie des Flandres.
Stéphanie Maurice