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Les comptes bancals de Marine Le Pen


POLITIQUE - Marine Le Pen estime qu'on peut économiser 20 milliards en cessant de financer l'Union européenne. Le propos est incomplet, puisqu’il dénonce les dépenses sans tenir compte des recettes.

INTOX. Interrogée le 18 février au micro d’Europe 1 sur les solutions à la crise proposées par le Front national, Marine Le Pen a estimé «qu’il fallait faire des économies».«Où ?» l’interroge Jean-Pierre Elkabbach. «Notamment sur les 20 milliards que l’on verse chaque année à l’Union européenne pour contribuer à nous détruire. Si on récupérait ces 20 milliards, ça ferait déjà une sacrée économie.»

DESINTOX. Les milliards d’euros versés à l’Europe honnie : voilà un thème classique du Front national. Il est évidemment simpliste de mesurer l’apport économique de l’appartenance de la France en regardant les seuls flux financiers entre Paris et Bruxelles. Mais même en se bornant à cet aspect des choses, le propos de Marine Le Pen est grossièrement incomplet, puisqu’il dénonce les dépenses sans tenir compte des recettes.

Marine Le Pen est à peu près dans le vrai concernant le montant de la contribution française. En 2010, la France participera au budget européen, via un prélèvement sur recette, à hauteur de 19,5 milliards d’euros. Soit 16,7% du budget de l’Union, derrière l’Allemagne (19,5%), premier contributeur. A cette somme s’ajoutent les contributions dites «subies» (sanctions et corrections financières) dont la responsabilité incombe au gouvernement, puisque leur versement (parfois quelques centaines de millions d’euros par an) tient au non-respect par l’Etat du droit communautaire. Voilà pour le côté «dépenses».

Mais il existe un côté «recettes» que Marine Le Pen, négligemment, oublie. Or, l’Hexagone est aussi, depuis 2006, le premier bénéficiaire des dépenses du budget communautaire. En 2008, 13,1% des dépenses européennes ont été opérées sur le sol français, soit 13,7 milliards d’euros. L’essentiel de cette somme (plus de 10 milliards d’euros) a été accordé au titre de la PAC (dont près de 20% du montant sont alloués à l’Hexagone). Au total, la France était en 2008 un contributeur net à hauteur de 4,5 milliards d’euros - bien loin des 20 milliards suggérés par Marine Le Pen. Ce solde négatif place la France au second rang des contributeurs nets, derrière l’Allemagne.

Cette comptabilisation par les Etats du «solde net», est souvent contestée - car jugée contraire à l’idée de solidarité européenne -, mais a toutefois pris sa place dans le débat public. En août, François Fillon avait ainsi déploré la position de «contributeur net» de la France. Le Premier ministre avait appelé les partenaires européens à en tenir compte lors des travaux visant à définir le futur cadre financier de l’Union européenne (2014-2020).