ASILE - Jamal avait demandé l'asile en France : le jeune Afghan avait été arrêté en préfecture de Lille mardi dernier, et devait être expulsé ce matin, à Roissy, par l'avion de 9h50, vers la Grèce, le pays européen où il a été pour la première fois contrôlé. Il a refusé l'embarquement et a été à nouveau dirigé vers le centre de rétention de Lesquin. L'Etat français a décidé d'appliquer le règlement de Dublin : la personne en situation irrégulière dépose sa demande d'asile dans le pays d'arrivée dans l'Union européenne. Il n'y est pourtant pas obligé. Seuls 1% des demandes d'asile en Grèce sont acceptées.
Jamal a été arrêté en préfecture de Lille en compagnie d'un autre Afghan, Karim.Ils pensaient tous les deux se rendre à un rendez-vous dans le cadre de leurs demandes d'asile en France. La Cimade avait tout de suite saisi la Cour européenne des droits de l'Homme. Celle-ci a prononcé la libération de Karim,effective hier soir, et avait prolongé sa réflexion pour Jamal. Elle a dû statuer en urgence, quand elle a appris son transfert vers 5h du matin du centre de rétention de Lesquin vers Roissy. Sa décision est tombée à 9h35, un quart d'heure avant le décollage. Elle a estimé qu'il n'y avait pas de raisons de ne pas le renvoyer en Grèce. Expulsion autorisée, donc. Le jeune homme a refusé l'embarquement, et devrait passer devant le juge de la liberté et de la détention cet après-midi. Pourquoi cette différence de traitement entre les deux cas ? "Karim a pu apporter les preuves des menaces contre lui en Afghanistan", explique la Cimade, "Ce que n'a pas pu faire Jamal." S'il est finalement expulsé vers la Grèce, Jamal sera compté dans les chiffres des reconduites aux frontières du ministère de l'Immigration.
S.M.
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