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A Lens, manif contre l'expulsion d'un médecin algérien


SOCIETE - Solidaires de leur docteur. Une centaine de salariés de l'hôpital de Lens ont manifesté contre l'expulsion du Mounir Dehak, 31 ans, un urgentiste menacé d'expulsion vers l'Algérie pour le 21 février. Patrick Vandewalle, secrétaire général de la CFTC à l'hôpital, et aide-soignant, raconte.

Le personnel de l'hôpital de Lens refuse l'expulsion d'un médecin. Ça s'est passé comment?
Je travaille aux urgences comme aide-soignant, permanent de nuit, je connais bien le Dr Mounir Dehak. La préfecture ne lui a pas renouvelé ses papiers. Il est venu me voir, il m'a expliqué. On s'est mobilisé, parce que ce n'est pas normal. Il lui reste un an d'études à faire en France avant de terminer sa formation d'urgentiste. Ensuite, c'est un excellent médecin. On en manque cruellement dans la région et en particulier à Lens.

Qui est le Dr Mounir Dehak?
Il a fait ses études de médecine en Algérie, et il est venu en France pour se spécialiser en médecine d'urgence. Il a fait cinq ans d'études supplémentaires pour obtenir l'équivalence de diplôme et a passé sa thèse de médecine ici. Il est ici avec sa femme, il a eu une petite fille il y a 7 mois. Il a rendu énormément de services au centre hospitalier, et à la population lensoise. Il a aussi fait des gardes de médecin senior au Smur. Il ne faut pas oublier qu'on a dû fermer une équipe du Smur de Lens, faute de médecins. Le 1er mai, j'ai eu un accident de moto. Aux urgences, c'est lui qui m'a pris en charge. Je lui confierais mes enfants.

Vous avez manifesté cet après-midi pour le soutenir.
On était entre 100 et 200, des élus de Lens, Avion, étaient là. Le personnel aussi. Lui, il avait les larmes aux yeux. Ses grands-parents étaient français, quand l'Algérie était française. La France a eu besoin d'eux pour faire la guerre. Maintenant, on a besoin de lui pour soigner. Et on le renvoie comme un délinquant.

Comment ça se voit, au quotidien, le manque de personnel?
Ça va très mal. Le personnel est fatigué, stressé. Nos médecins partent les uns après les autres, les infirmières aussi, parce que les conditions sont de plus en plus dures, il y a de plus en plus de monde, personnes âgées, dépressions, cardio, chir... Il n'est pas rare d'avoir 14 à 17 lits dans les couloirs le matin aux urgences. Une fois, on est arrivé à 21 lits. Les structures sont pleines. La nuit, il nous arrive de plus en plus d'avoir 30 à 40 entrées, pour un médecin et deux internes. Là, on a un médecin de moins. Les autres devront assurer des gardes en plus. On nous parle de grippe, de prévention. Mais on manque de personnel, de matériel. Et maintenant, on met des médecins dehors. Je ne comprends pas.

Recueilli par Haydée Sabéran


DÉFAVORABLE  -
Selon la préfecture du Nord, département où Mounir Dehak réside, celui-ci est sous le coup d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière et doit quitter le territoire avant le 21 février. Elle indique qu'il est arrivé régulièrement en France en qualité d'étudiant, et a été employé par le centre hospitalier depuis le 1er septembre 2006, sans autorisation de la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (Drass) et de la Direction départementale du travail et de l'emploi (DDTE), et se trouve ainsi en infraction avec le Code du travail. Mounir Dehak ayant obtenu à deux reprises une note inférieure à la moyenne fixée par le jury de recrutement, la Drass a émis un avis défavorable à son recrutement, toujours selon la préfecture. «J'étais foudroyé» en recevant l'arrêté préfectoral a déclaré à l'AFP le médecin, qui envisage de déposer un recours devant le tribunal administratif.  Il avait commencé à travailler tout en finissant une formation en «médecine de catastrophe», a-t-il indiqué. Il suit parallèlement à son activité d'urgentiste une formation dans le domaine de la prise en charge des polytraumatisés, qui doit durer encore deux ans.

(D'après AFP)