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«On croyait que mon mari travaillerait tout de suite »


SOCIÉTÉ - Assise dans la salle d’attente du Secours populaire de Lille, Fatiha, tête voilée et yeux gais, est arrivée en France il y a un an, parce que dans le pays où elle est née, l’Algérie, « il n’y a que des difficultés, le terrorisme, la crise économique », explique-t-elle. « On veut pouvoir bien travailler, cotiser pour la retraite. En Algérie, en général, on n’est pas déclaré. » Fatiha est française, née de mère française. Elle et sa famille perçoivent le RMI depuis leur arrivée, environ 600 euros par mois.  Son mari est chauffeur routier, on leur avait dit qu’il y avait du boulot dans la branche.

« Il a le permis de conduire, il a l’expérience », insiste-t-elle, mais il n’a pas le précieux Fimo, le diplôme qui sanctionne une formation de quatre semaines, obligatoire pour tous les salariés des entreprises de transport. « Il ne trouve pas d’aide pour cette formation », soupire-t-elle. C’est pour cela qu’encore ce vendredi, ils patientent au Secours populaire. « On n’imaginait pas cela, on croyait que mon mari allait travailler tout de suite », avoue-t-elle. Fatiha , elle, suit une formation pour améliorer son français, et voudrait devenir assistante maternelle. «C’est dur, tout de même.  On n’a pas encore de logement, on est hébergé dans un centre pour rapatriés », aux confins de la métropole lilloise. 100 euros de loyer par mois. Fatiha met de côté pour meubler son futur appartement, dont elle rêve. En attendant, elle achète tout sur les braderies, d’occasion, « les vêtements, le matériel », dit-elle  Un seul luxe, la voiture, 130 euros d’assurance tous les deux mois. « Mon mari en a besoin pour chercher du travail, aussi pour aller conduire nos filles à l’école. C’est tout de même à trois kilomètres, et il fait froid. » Ses filles, 11 et 13 ans. Soudain Fatiha s’inquiète, ne veut pas qu’on parle d’elles, qu’on puisse les reconnaître. « Quand je ramène à manger du Secours populaire, elles ne veulent pas, elles préfèrent aller à Auchan, comme leurs copines. Elles veulent des chocolats, bien s’habiller. Mais on ne peut pas se permettre. Moi, ça ne me fait rien, je connais la difficulté de la vie. Mais elles, ce sont des petites adolescentes. On leur dit, ‘patientez, patientez’. »
Propos recueillis par S.M.