SOCIÉTÉ - Avant le traditionnel Il est né le divin enfant, deux chants de Noël en langue tigrinya. A Steenvoorde, hier soir, la vingtaine de migrants érythréens qui vivent sous des tentes à quelques pas de l'église, ont chanté à la messe de minuit. Communion inattendue dans cette terre des Flandres plutôt conservatrice? Une centaine d'habitants du secteur -dont le jeune curé, Bertrand Lener-, de l'association Terre d'errance, les aident à «rester propres», et «manger à leur faim». Dans l'église quasi-pleine hier soir, les exilés -chrétiens orthodoxes pour la plupart-, ont souhaité «un Joyeux Noël au peuple français».
Transit. Ils sont au premier rang dans la nef, et Anne-Marie, de Terre d'Errance, se penche pour traduire ce que le curé raconte. Il parle «d'hommes et de femmes qui marchent depuis des mois, des années», et ajoute que des gens d'ici ont «souhaité accompagner un petit bout de leur marche», il parle de «s'ouvrir au monde avec nos frères et soeurs qui sont en transit vers la Grande-Bretagne», et d'«ouvrir son coeur au delà de la peur de la différence de l'autre».
Les Erythréens, garçons et filles souvent jeunes, s'avancent vers le chœur, chantent en tigrinya, tapent dans leur mains. Dans l'église, les gens font pareil, les enfants de chœur à contretemps. Le curé insiste : «sur notre terre des Flandres, nous les voyons, on ne peut pas faire comme si de rien n'était». Il parle de «partage», de «solidarité». Quand les Erythréens défilent pour prendre une hostie, il pose sa main sur leur front.
Tentes. Depuis plusieurs semaines, les bénévoles de Terre d'errance se relaient pour offrir aux migrants des douches -dans un gymnase communal-, des denrées pour préparer leurs repas, un vestiaire, les soins d'une infirmière. Le maire, UMP, Jean-Pierre Bataille a prêté un terrain, les bénévoles ont planté des tentes. Une vingtaine d'Erythréens vivent là, et tentent toutes les nuits de passer en Angleterre au départ de l'aire d'autoroute voisine, où ils se glissent sous les camions.
H.S.
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