Comparateur de rachat de crédit

A Lille, contre «Darcos Vador», lycéens toujours là


ÉDUCATION - Toujours des barricades devant les portes du lycée Montebello, à Lille, et une poignée de lycéens qui se chauffent la voix avant la manif' de 14h, une répétition de la grande mobilisation prévue jeudi après-midi. Selon le rectorat, une vingtaine de lycées sont bloqués dans le Nord-Pas-de-Calais aujourd'hui, contre onze hier. Slogan vedette, Darcos transmuté en Dark Vador, le méchant de Star Wars. Le mouvement ? Pour l'instant, il ne désarme pas, malgré le report d'un an de la réforme des lycées, affirme Hugo Roussel, porte-parole d'une nouvelle coordination lycéenne et lilloise qui se veut «apolitique», le comité unitaire de la jeunesse. Interview.

Que pensez-vous du report de la réforme, annoncé par le ministre de l'Education, Xavier Darcos, hier ?
Hugo Roussel- Nous saluons ce geste, car c'est un geste fort. Mais nous appelons toujours à la mobilisation car ce n'est pas un retrait. M. Darcos explique qu'il reporte son texte à cause d'un contexte social anxiogène, pour éviter de s'exposer à un mouvement irrationnel majeur. Irrationnel ? Pourtant, nous savons pourquoi nous sommes là à bloquer les portes du lycée depuis 6h30 dans le froid. 13 500 postes d'enseignants vont être supprimés sur la France entière, ce qui veut dire sans doute plusieurs centaines sur le Nord-Pas-de-Calais. Nous n'avons pas le détail des suppressions, mais nous supposons qu'il y aura 500 ou 600 postes concernés. Nous demandons des garanties au gouvernement sur cette question.

Pourquoi ces suppressions de postes sont-elles un enjeu majeur, pour vous ?
Xavier Darcos n'a pas une conception pédagogique de l'enseignement secondaire, il en a une conception économique : pour lui, c'est un budget comme les autres. Il fait une réforme sur le modèle scandinave, avec un grand nombre de modules. Mais  là-bas, les classes sont à vingt personnes, les professeurs ont le temps de s'occuper de chaque élève. Et que va-t-on demander aux professeurs demain ? D'enseigner cinq à six modules différents ? Va-t-on les former ? Pour Darcos, on supprime des heures, donc on supprime des profs, alors que le système se complexifie.

Quels autres reproches faites-vous au projet de réforme des lycées ?
Xavier Darcos prévoit une grande spécialisation des lycées. Il y a en effet tellement de modules possibles qu'il sera impossible de les mettre tous dans le même établissement. Donc, des lycées vont devenir spécialistes des maths, par exemple. Ce qui veut dire que la liberté de choix des lycéens va être réduite. Car si on veut changer de module, on va devoir changer de lycée. En fait, on avance l'heure du choix : les lycéens se spécialisaient après le bac, maintenant, on veut nous demander de construire notre parcours scolaire et professionnel à 16 ans. A un âge où on n'est pas forcément prêt. Nous avons besoin d'une période de réflexion plus longue. L'avantage de l'enseignement secondaire aujourd'hui, c'est qu'il est généraliste, et que toutes les portes restent ouvertes. Nous demandons une vraie concertation,pour une vraie réforme efficace, qui pense d'abord à l'élève avant de penser à l'argent.

Propos recueillis par S.M.