POLITIQUE - Autour d'elle, ce matin, un aréopage d'élus socialistes nordistes, une «dream team», s'extasie le premier fédéral du Nord, Gilles Pargneaux. Ils ont tous signé la motion présentée par Martine Aubry, maire de Lille, pour le congrès socialiste de Reims. Martine Aubry sort son portable, pour photographier le beau rang d'oignons.
Pierre Mauroy regarde la scène, comme dubitatif. Il y manque tout de même quelques pointures, dans ce tableau de famille : Bernard Roman, député de la première circonscription et soutien de Delanoë, Bernard Derosier, président du conseil général du Nord, qui ne veut apporter son soutien à personne. Jeudi, c'est le vote des militants : il établira le rapport de force entre les différentes motions. Martine Aubry a affiché sa sérénité, en affirmant que les militants étaient "clairvoyants et voulaient un PS à gauche."
Elle évoque au détour de son discours la possibilité de "motions dans un mouchoir de poche", hypothèse qui lui irait assez bien : Martine Aubry veut être "au coeur" des résultats, et ainsi pouvoir tendre la main aussi bien à sa droite qu'à sa gauche. "Je ne veux exclure personne, c'est la ligne politique qui va faire les alliances", a-t-elle insisté, et elle prend soin de dire combien elle et les autres meneurs de motions "se respectent". Martine Aubry brocarde tout de même la "personnalisation" du scrutin interne au PS, et prèfère mettre en avant son collectif. Elle qui ne s'est toujours pas dite candidate au poste de premier secrétaire du parti socialiste.
"L'enjeu, pour Martine Aubry, c'est de savoir combien elle fera dans le Nord-Pas de Calais car un beau score lui permettrait de rattraper un défaut d'implantation national. Il faut donc qu'elle tape fort, et même très fort dans la région", analyse Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne-sur-Mer, partisan de Delanoë. Il s'est fendu d'un communiqué la semaine dernière, pour affirmer que non, la fédération du Pas-de-Calais, première de France, n'était pas "monolithique", et n'irait pas, selon lui, voter comme un seul homme à la suite de son secrétaire fédéral, Serge Janquin, pour Aubry. L'hypothèse des motions dans un mouchoir de poche ne lui plaît pas du tout, même s'il reconnaît qu'il y a "deux motions principales, Delanoë et Aubry, et une interrogation, Royal." Pour Frédéric Cuvillier, qui emboîte là le discours tenu par François Hollande, "il faut qu'une motion se dégage, il faut renforcer l'axe majoritaire. Sinon, le PS ne sera pas gouvernable, chacun ira de son dosage selon le pourcentage qu'il a obtenu,tel ou tel poste, cela ne peut pas fonctionner." Martine Aubry trouve visiblement un peu fort de café cette dramatisation du vote interne au PS : "Il n'y a pas besoin d'avoir peur", a-t-elle raillé ce matin.
S.M.