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Procureur d'Outreau : "son départ ne sert à rien"


JUSTICE- Avec AFP- Le départ de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) du procureur Gérald Lesigne "ne sert à rien", a estimé mardi l'une des acquittées de l'affaire de pédophilie d'Outreau, Roselyne Godard. Gérald Lesigne a déclaré de son côté qu'il souhaitait quitter cette ville "depuis un certain nombre d'années" et qu'il ne faisait pas l'objet d'"une mutation d'office".  Le 18 juillet, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) n'avait demandé aucune sanction contre le procureur, mais Rachida Dati a exprimé le souhait qu'il quitte ses fonctions à Boulogne-sur-Mer. "La présentation qui est faite des choses m'apparaît assez décalée par rapport à la réalité", a estimé Gérald Lesigne.

"Cette décision ne sert à rien dans le sens où, ce que nous attendions, c'est qu'on puisse se pencher sérieusement sur le problème de l'institution judiciaire", a estimé Mme Godard, présidente de l'Association des innocents justiciés à tort (Ajiat), jointe par téléphone. "On punit sans punir", a-t-elle poursuivi : "on laisse le choix à M. Lesigne de sa nouvelle affectation." "Un tas d'autres personnes sont responsables" de l'affaire Outreau, a affirmé Roselyne Godard. "En faire un bouc émissaire, je trouve ça déplorable", a affirmé Mme Godard à propos du magistrat.
"Après les événements, je ne vois pas comment je pourrais me maintenir à Boulogne", a souligné Gérald Lesigne. "Ce n'est pas du tout une mutation d'office, c'est une mutation qui est acceptée parce que souhaitée par moi pour de multiples raisons", a-t-il assuré en se refusant à dévoiler son prochain poste.
Le magistrat a indiqué s'être rendu jeudi à la Chancellerie sur l'invitation de la ministre "pour envisager des solutions à la suite de la décision du CSM". "Cette solution, ça a été un maintien à égalité dans les fonctions, pour un poste qui m'agréait et une localisation géographique qui convenait : c'est donc un départ tout à fait normal. J'ai fait valoir un choix qui, aux dernières nouvelles, agréait l'ensemble des parties", a-t-il dit. Dans l'affaire d'Outreau, dix-sept personnes avaient comparu devant les assises pour avoir participé à des abus sexuels sur mineurs. Treize d'entre elles ont été mises hors de cause, sept lors du premier procès en 2004 et six autres en appel en 2005.