SANCTION - Petit tacle de l'Etat, dans la métropole lilloise, contre les six communes qui n'ont pas fait d'efforts suffisants pour combler leur retard en logements sociaux. Déjà, elles payaient une amende de 150 euros par logement manquant, là, elles risquent de voir tomber une belle augmentation, pas encore définie. Bondues, son golf, ses cadres sup', est dans la liste, elle qui n'a que 9% de logements sociaux contre les 20% demandés.«Ce n'est pas dans l'urgence que l'on fait bien les choses», se défend son maire.
C'est un constat de carence : Hallennes-lez-Haubourdin, Cysoing, Houplines, Bousbecque, Erquinghem-Lys et Bondues se voient épinglées par l'Etat, comme le prévoit la loi SRU de décembre 2000. «Le but est de favoriser la mixité, en faisant en sorte que ce ne soient pas toujours les mêmes communes qui concentrent les logements sociaux, chacun doit prendre sa part», explique-t-on à la préfecture du Nord. «L'idée n'est pas de stigmatiser les communes mais de faire appliquer la loi.» Les villes en question s'étaient engagées à construire des logements sociaux sur trois ans, entre 2005 et 2007, elles n'ont pas tenu leurs objectifs. Ce que reconnaît Patrick Delebarre, le maire de Bondues : «Nous devions construire 63 logements, nous n'en avons réalisé que 31. Nous avons pris un retard à l'allumage : j'ai une extension de la maison de retraite en cours, c'est 24 logements en plus, une ferme qui va être transformée en centre pour handicapés mentaux, 30 logements sociaux supplémentaires, mais nous avons eu un recours au tribunal administratif. C'est la dure réalité de la construction, mais il y a des couperets qui tombent parce qu'on applique les textes de loi.»
Bondues et le logement social, c'est un retard historique : la ville, 10 000 habitants, en compte 290. Il lui en manque 410. «Notre ville s'est construite sur d'autres bases que Lille, Roubaix ou Tourcoing. Nous accueillons les professions libérales, les cadres des grandes entreprises qui s'installent dans le Nord dans un cadre agréable. C'est d'ailleurs aussi une fonction sociale», souligne son maire. Et cette bourgeoisie de haute volée, selon Patrick Delebarre (UMP), ne serait pas du tout hostile à l'arrivée de classes sociales défavorisées. «Nous allons remplir notre devoir, j'ai affiché très clairement les choses dans mon programme de campagne, et j'ai été élu à 82% des suffrages. J'ai moi-même vécu dans du logement HLM les cinq premières années de ma vie familiale, et j'en garde un très bon souvenir.» Par contre, barres et ghettos, halte-là ! «Nous avons jusqu'à 2020 pour rattraper notre retard, lié à l'histoire de notre ville, et nous voulons des logements de qualité. Construire des tours dans la précipitation pour ensuite les détruire, c'est idiot ! L'histoire ne se modifie pas en un jour, et une mixité intelligente, ça ne se décrète pas !» Selon la préfecture,dans la métropole lilloise, les 35 communes concernées par les 20% de la loi SRU ont pourtant explosé leurs objectifs, en construisant 2703 logements pour 1075 demandés entre 2005 et 2007.
S.M.