RÉNOVATION- Fives-Cail, «c'est sublime». Djamel Klouche, architecte-urbaniste de l'AUC, chargé de la rénovation de la dernière grande friche industrielle de Lille, assume le mot : Cela n’a aucune valeur patrimoniale. Mais ce qui est très beau, c’est que c’est monumental. De vraies cathédrales, très simples, mais avec des hauteurs jusqu’à 40 mètres. Si on rasait tout et qu’on reconstruisait, on n’arriverait jamais à restituer cette beauté et cette générosité d’espace.» ail, «c'est sublime». Djamel Klouche, architecte-urbaniste de l'AUC, chargé de la rénovation de la dernière grande friche industrielle de Lille, assume le mot : Cela n’a aucune valeur patrimoniale. Mais ce qui est très beau, c’est que c’est monumental. De vraies cathédrales, très simples, mais avec des hauteurs jusqu’à 40 mètres. Si on rasait tout et qu’on reconstruisait, on n’arriverait jamais à restituer cette beauté et cette
C'est ainsi que ce qui a été le fleuron de l'industrie lourde française a sauvé ses murs. «Nous avons décidé de faire avec», affirme Djamel Klouche. Fives-Cail, jusqu'à 5 600 ouvriers, maintenant une béance clôturée de 16 hectares. D'ici sont sortis les ascenseurs de la Tour Eiffel, les charpentes métalliques de la gare d'Orsay et du pont Alexandre III. Dans les anciennes halles, bientôt des logements, un lycée hôtelier, un passage couvert avec des commerces, entre Marbrerie et l'actuelle entrée de Fives-Cail. Le coeur syndical rejoindra l'ancien coeur ouvrier : la bourse du travail déménagera pour le boulevard de l'Usine. Les parkings ne s'enterreront pas, mais «seront stockés dans l'existant», c'est à dire dans trois halles, solution plus écolo, selon Djamel Klouche. Et sur cinq hectares, des jardins s'étendront, sillonnés d'un réseau de rigoles, alimentées par l'eau de pluie récupérée grâce aux gigantesques toitures industrielles, 26 000 mètres cubes au total.
Il a fallu convaincre les sceptiques, ceux qui voulaient juste garder «une ou deux halles pour la mémoire ouvrière et puis, basta !», mais l'agence de Djamel Klouche est réputée pour ne pas aimer détruire, même dans le cadre de l'Anru, la vaste rénovation urbaine voulue par Borloo. «J'essaye de toujours optimiser les qualités de beauté d’un site», explique l'architecte.
Le projet est beau sur le papier, sa réalisation n'est pas encore pour demain. Lille Métropole a enfin acheté l'ensemble des terrains, et les études de pollution demandées par la Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement n'ont a priori rien révélé d'extrêmement dangereux. «Pendant 150 ans, il y a eu de l'usinage de métal sur le site, donc une pollution à l'huile de coupe, utilisée pour la lubrification des outils. Il y a aussi une pollution au pyralène, liée aux quelques appareils électriques présents», explique Jean-Louis Frémeaux, président du conseil de quartier de Fives. «La Drire a demandé des sondages complémentaires dans les sols. De toute façon, à Fives, avec son passé industriel, je ne vois pas où il n'y aurait pas eu des retombées de suie. C'est une pollution reconnue et qui sera traitée.» Même son de cloche à la communauté urbaine. C'est plutôt à cause des élections municipales que le projet, exposé rapidement dans le document de campagne de Martine Aubry, n'a pas encore pris racine.
S.M.