FAITS-DIVERS - Paulette Collet avait été tuée le mois dernier de 82 coups de couteau, dans son lit, à Bourbourg (Nord), près de Dunkerque. Mercredi, un jeune homme de 23 ans, sans emploi, habitant de la localité, a avoué avoir tué cette vieille dame de 79 ans. Il ne la connaissait pas.
Selon le procureur de la République de Dunkerque, Jean-Philippe Joubert, le garçon l’aurait découverte dans son lit alors qu’il cambriolait, dans la nuit du 18 au 19 avril. Il a expliqué aux gendarmes qu’il avait eu peur d’être reconnu. Il se souvient avoir donné une quinzaine de coups de couteau.
Carte bleue. Quelques heures plus tôt, il s’était disputé avec ses parents. Une histoire d’argent. Eclats de voix, coup de pied à son père, sa sœur appelle les gendarmes. Les militaires débarquent, calment le jeu. Le garçon prend ses affaires et s’en va. Il a toujours besoin d’argent. Dans Bourbourg, petite ville de 7 000 habitants, il trouve une maison d’angle, plus facile à cambrioler. Il a un peu l’habitude : selon le procureur, il a déjà été condamné quatre fois pour cambriolage. Il casse un volet, une vitre. Jette un morceau de verre à la poubelle. Il trouve la carte bleue, et un papier avec quatre chiffres, pense que c’est le code, prend des bijoux et 170 euros. Il entend du bruit dans la pièce voisine : il passe à la cuisine chercher un couteau.
La vieille dame est allongée dans un lit médicalisé. Il la poignarde, va se laver les mains, fouille la maison pendant une heure avant de rentrer chez ses parents, qui ne remarquent rien. Quand ils apprennent le meurtre par les journaux, «ils s’interrogent, ils lui posent des questions, raconte le procureur, mais il leur jure ses grands dieux et ils ne vont pas plus loin».
Le meurtrier présumé a tenté d’utiliser la carte bancaire dans un distributeur de Bourbourg, en vain. La carte de la victime est avalée et il est filmé par la caméra de surveillance. C’est ainsi que les gendarmes de Bourbourg, reconnaissant les habits qu’il portait lors de l’altercation chez ses parents, l’identifient. Deux jours plus tard, le jeune homme va chez son amie, lycéenne à Marquette, dans la région de Lille. Il lui raconte tout, mais ne dit rien à ses parents, qui pensent qu’il est parti chercher du travail. Ils doivent venir le récupérer mercredi, pour le pont du 8 mai. Les gendarmes les ont devancés.
«Sauvagerie». Il a été mis en examen pour «homicide volontaire par personne ayant pour but d’assurer l’impunité de son auteur». Il risque la perpétuité. Son amie a été mise en examen et risque trois ans pour recel de malfaiteur. Une troisième personne, qui le connaissait aussi, a été arrêtée mercredi, puis mise hors de cause. L’avocat du jeune homme n’a pas souhaité s’exprimer. Francis Bassemon, maire de Bourbourg se dit «consterné». Il connaissait les deux familles. «Je ne comprends pas ce garçon que je connaissais bien. Je ne comprends pas la sauvagerie. Il n’y a pas de mots. On est dans la tristesse.»
H.S.