DANSE - Actualisé le 6 mai. Colère chez les danseurs lillois. L’argent de la direction régionale des affaires culturelles (Drac), donc l’Etat, donné aux compagnies de Cyril Viallon et de Thomas Lebrun, au cendre de développement chorégraphique (CDC) Danse à Lille, et au festival Latitudes contemporaines a fondu. Une annonce brutale, alors que l’année est entamée.
«Il y a huit CDC en France, seul le nôtre est touché, après un soutien constant», s’indigne Catherine Dunoyer de Segonzac, directrice de Danse à Lille, installée au Gymnase, à Roubaix, depuis quatre ans.
Pour elle, ces 24 000 euros en moins, c’est la moitié des fonds consacrés à l'accueil des jeunes chorégraphes en création. «Nous avons dépensé la moitié de l'enveloppe. On est toujours obligés de prendre un risque. Et là, patatras.»
Pour la compagnie les Caryatides de Cyril Viallon, c’est fini, plus d’argent de l’Etat, ce qui équivaut à un quart de son budget en moins pour une compagnie qui n’a rien d’obscur, puisqu’elle a ouvert sa saison dernière à l’Opéra Bastille avec Je cacherai mes peurs sous le tapis.
Le chorégraphe de 40 ans allait mettre en route Monstre-moi, un spectacle jeune public qui implique treize artistes et techniciens entre la mi-novembre et la mi-février. L’argent est redéployé vers de plus jeunes compagnies.
La subvention des plus grandes, comme Carolyn Carlson à Roubaix, ne
bouge pas. Selon la Drac, le budget affecté à la vie chorégraphique dans la région n’a «pas varié si l’on prend en compte les deux compagnies financées sur des crédits du ministère de la Culture, Christian Rizzo et Pal Frenak» qui viennent d’arriver dans la région. Sauf que, fait savoir l'Association fragile-Christian Rizzo, pour cette année, ses crédits sont des crédits Drac Ile-de-France, et pas Nord-Pas-de-Calais. Et elle signale au passage qu'elle aussi subit une baisse, puisque ces mêmes crédits ont chuté de 4%.
Donc, au final, dans le Nord-Pas-de-Calais, il y a moins d'argent, et, selon Cyril Viallon et Catherine dunoyer de Segonzac, ce sont les «compagnies moyennes» qui trinquent. Alors, si coups de ciseaux il y a, la directrice de Danse à Lille demande à ce qu'ils soient «équitables». L'Association fragile-Christian Rizzo insiste sur «la solidarité des différentes structures culturels locales, auxquelles nous nous ajoutons». La liste est longue, c'est vrai. Outre les quatre déjà cités, s'ajoutent une dizaine de chorégraphes, dont la compagnie Artopie, et Thomas Duchâtelet, et aussi entre autres, L'Opéra de Lille, la Rose des vents, le Vivat d'Armentières.
Samedi, Cyril Viallon tentait de sourire : «Il fait beau. C’est ma seule consolation.»
Haydée Sabéran