POLITIQUE - Le congrès du Parti socialiste, prévu en novembre, s'annonce houleux, et déjà les ambitions s'affûtent. Qu'en pensent les militants du Nord ? La «guerre des chefs», ils en ont plein le dos : ils n’ont qu’un rêve, retrouver une unité et édifier un progamme cohérent, bien avant la désignation d’un quelconque leader. «Leadership de quoi ?», ironise Teddy Lauby, 33 ans, cadre en action sociale à Calais. «Il faudrait qu’il y ait un contenu, de la substance, savoir ce qu’on va porter.» Julien, 26 ans, étudiant à Lille, approuve : «Le vrai problème du PS, ce n’est pas la question du leadership, mais qu’il ait une ligne claire, qui le rende audible. Je voterai pour le courant qui pose de vrais débats, et donne des réponses politiques sur la fiscalité, les retraites, la redistribution des richesses.»
Joël Jaspart, responsable de section à Valenciennes, insiste : «On a
envie de voir des gens qui incarnent les valeurs de gauche.» Teddy
Lauby salue l’initiative de Martine Aubry, de Jean-Christophe
Cambadélis, d’Arnaud Montebourg et autres «reconstructeurs» : «C’est
une excellente démarche, ça dépasse la logique des courants, centrés
sur une personne en particulier, qui a tué à petit feu le PS.» La
maire de Lille, réélue avec 66% des suffrages, est bien vue par les
militants : «Elle a entrepris des réformes courageuses quand elle
était au gouvernement, ce qui, hélas, lui a nui un peu au niveau de sa
popularité. Elle a toujours montré son attachement au parti, elle a
vocation d’être présente, mais comme d’autres, les nouvelles têtes,
comme Benoît Hamon», explique Julien.
Akim Oural, secrétaire de section à Wazemmes, un quartier populaire de
Lille, la voit comme la meilleure pour réaliser l’unité du PS et fait
un pronostic : «Ce congrès sera géré par les maires des grandes villes
de France, par les élus locaux, car eux connaissent les ressentis des
militants, ils ont une vision de ce qu’est la France, et il faut qu’ils
fassent remonter les aspirations des Français au plus haut du parti.»
Martine Aubry, en tête, bien sûr. De là à la voir présidentiable… Les
militants sont tous d’accord, la désignation du premier secrétaire doit
«être totalement déconnecté de la réflexion présidentielle». «Les
choix précoces ne sont jamais les bons», tranche Joël Jaspart. «Ségolène Royal a été une très bonne candidate, jusqu’à ce que Sarkosy
change totalement de registre, et d’agressif devienne séducteur.»
Propos recueillis par S.M.