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Pénurie de contrats aidés dans le Nord


SOCIÉTÉ - La rumeur court dans tout le milieu associatif : il n'y a plus de CAE (contrat d'accompagnement dans l'emploi). Un vrai problème, car les associations n'ont souvent pas les moyens d'embaucher en CDD ou en CDI et reportent leurs offres d'emploi, dans l'attente de jours meilleurs, et du contrat unique d'insertion, annoncé par Martin Hirsch, le haut-commissaire aux Solidarités actives, pour l'instant testé à La Réunion.
C'est faux, répond la direction régionale de l'ANPE, les CAE existent toujours. Mais sont délivrés au compte-gouttes.

Le budget régional des contrats aidés a subi une baisse de 30% cette année. Du coup, les CAE sont réservés en priorité aux chantiers et entreprises d'insertion. Résultat : «Nous avons reçu il y a dix jours un coup de fil de l'ANPE pour nous dire que nos 23 CAE ne seront pas renouvelés», témoigne Frédéric Dupré, directeur du centre social Marcel-Bertrand, à Moulins, un quartier populaire de Lille.  Sans solution de remplacement.

«Il ne s'agissait pas pour nous d'une manière de financer à l'interne des postes, mais d'une vraie démarche sociale, pour un accès à l'emploi d'un public très en difficulté», précise-t-il, «et c'est cette démarche qui est perturbée.» Au centre social, les CAE, c'est «la mère de famille de 50 ans, qui, une fois ses enfants élevés, peut penser à elle, et a envie de gagner sa vie», explique-t-il. Ou des jeunes qui s'investissent bénévolement dans la vie du centre, et qui trouvent par ces contrats matière à évolution professionnelle. Car les CAE incluent un volet formation. «C'est le vrai côté avantageux du contrat», insiste Frédéric Dupré. «J'y tiens d'autant plus que je suis passé par ces dispositifs. On m'a viré de l'école à l'âge de 16 ans, je n'avais pas la possibilité de me former par la scolarité normale. J'ai signé un contrat aidé, c'était un TUC à l'époque, et je suis revenu à une dynamique. Aujourd'hui, j'ai un bac +5.»

Aujourd'hui, la disparition de fait des CAE l'afflige : «Ce sont les bénéficiaires de ces contrats qu'on pénalise. Il n'y a plus rien pour eux, alors qu'ils veulent travailler.» Ces profils ne sont pas assez loin de l'emploi pour être concerné par les entreprises d'insertion, trop peu qualifiés cependant pour dénicher un CDD classique. «Je critique la brutalité de l'arrêt du système. Nous n'avons pas pu travailler sur la sortie du dispositif», dénonce encore Frédéric Dupré. «Maintenant, c'est le gros vide. Et on nous dit, il faut continuer de mobiliser les jeunes. Mais autour de quoi ? Leur but principal, c'est de subvenir à leurs besoins. Ce n'est pas en leur disant des belles paroles, allez, venez, tous ensemble... C'est fini, les années 70 !»   

S.M.