EDUCATION- ACTUALISE LE 1/02- Les messages de soutien affluent au rectorat de Lille et dans les syndicats d'enseignants, le collège Chasse-Royale à Valenciennes débraye une heure demain matin en signe de solidarité : la mise en examen pour «violence aggravée sur mineur» d'un professeur de technologie à Berlaimont, pour une gifle infligée à un élève, indigne le milieu éducatif. Lundi dernier, l'élève en question avait traité son prof de «connard».
Le père de l'enfant, un gendarme, a porté plainte le jour même des faits. Des policiers sont alors venus chercher le prof à son domicile.«La réaction policière et judiciaire est ahurissante», estime Michel Devred,délégué régional Nord du Snes-FSU, principal syndicat enseignant. «L'élève n'aurait pas dû insulter le professeur, et le professeur n'aurait pas dû lui donner une gifle, nous sommes bien d'accord. Mais placer ce collègue en garde à vue, pratiquer des tests génétiques sur lui, tout cela nous paraît disproportionné.» Il n'est pas plus satisfait de la réaction du rectorat, qui, dans un premier temps avait annoncé que le professeur aurait interdiction de se présenter devant ses élèves. Depuis, l'enseignant de 49 ans est en congé maladie pour un mois, ce qui a dispensé le rectorat de prendre cette disposition.
«Le collègue ne va pas bien», confie Michel Devred, «Le ciel lui est tombé sur la tête. C'est un enseignant avec une belle carrière, bien noté administrativement et pédagogiquement.» Le rectorat botte en touche : «Nous ne pouvons pas vous donner ses notations, nous n'avons pas encore sorti son dossier. Nous savons cependant que c'est un professeur très exigeant envers ses élèves.» Il confirme qu'il y aura sanction administrative, mais qu'elle est «encore à préciser». L'élève a été également sanctionné : il a été exclu trois jours de son établissement, le collège Gilles-de-Chin.
Le rectorat reconnaît que cette affaire se passe dans un contexte particulier, avec une recrudescence des violences scolaires. Ce dont témoigne un professeur nordiste : «Je ne connais pas ce prof, ce que je sais, c'est que bosser dans ces établissements, cela veut dire être infaillible. Quand tu es fragile face aux élèves, tu dégustes. Alors, oui, un jour tu peux craquer, tu as la main qui peut partir.» Michel Devred confirme : «Quand le collègue dérape, on oublie tout son passé et on le présente comme un danger pour l'école. Il faudrait aussi se demander ce que pensent aujourd'hui l'élève concerné et ses camarades : on traite de connard un prof, le prof se retrouve en taule ?» Même réaction du côté de l'Unsa education :«Elle est peut-être pédagogique, cette gifle ?», se demande même Joëlle Thiery, de l'Union régionale. On le saura le 27 mars : jugement de l'affaire au tribunal de grande instance d'Avesnes-sur-Helpe.
S.M.