Comparateur de rachat de crédit

«Sarkozy à Neuilly, Guy Môquet à l'Élysée»


MANIF - Elle remonte le cortège, portable collé à l'oreille, elle commente : «Y'a un de ces mondes, tu verrais ça». C'est vrai qu'on en voit pas le bout. On a compté 12.000 manifestants à Lille (1). Pancarte autour du cou d'un cégétiste devant la gare : «Monsieur Sarkozy, vous êtes un exemple pour nous tous, augmentez nous aussi de 140%». Sous les arcades face à la friterie, deux jeunes bavardent, et regardent passer la manif.

Jonathan, 30 ans : «C'est honteux. Les trois-quarts des gens qui se plaignent, ils ont des situations. Et les autres, ils se tuent au boulot, et ne peuvent rien demander». Lui, il est paysagiste. «Toujours dehors, je mourrai jeune». Combien gagne-t-il? «2000 euros par mois». Il dit qu'il est pour «l'égalité. Tout le monde cotise pareil, tout le monde part en même temps, pas 42 ans pour les uns et 37 pour les autres». Samuel, 24 ans, étudiant en architecture : «je suis pas d'accord, c'est normal qu'ils défendent leurs droits. On va travailler jusqu'à quel âge?» Brouillard épais dans la fumée des feux de détresse des cheminots, sifflets des policiers, chansons des étudiants. Une sono chante : «On est dans le ruisseau, c'est la faute à Sarko, s'il augmente son salaire, c'est grâce à notre galère, et sa vie de château c'est grâce à notre boulot». Une pancarte : «Arrêtons Sarko, lui, il s'arrêtera pas là».
Mauricette, postière à la retraite : «44 ans de travail, 1000 euros de retraite. Sarko, 8 mois de poste, 200% d'augmentation, quelle équité!». Le syndicat général de la police passe. Plus loin, juste derrière la Ligue communiste révolutionnaire et ses drapeaux rouges, les drapeaux blancs et bleus de l'Unsa, policiers auto-menottés et en uniforme de bagnards, en tête. «On est de moins en moins nombreux, on nous en demande de plus en plus .On la la pression du résulat, mais les salaires ne suivent pas, bloqués jusqu'en 2013», indique Philippe Ricq, secrétaire général de l'Unsa police. Un cycliste habitué des manifs et des messages décalés sillonne la foule en klaxonnant, pancarte sur le dos : «Plutôt vivre actionnaire que finir fonctionnaire». Un communiste dans un mégaphone : «Sarkozy à Neuilly, Guy Môquet à l'Elysée». Devant le théâtre Sébasto, une cégétiste a écrit sur sa pancarte : «Thibault, tu es là pour négocier le "Tous ensemble", pas pour négocier avec Fachozy».Les étudiants passent, joyeux, bruyants, serrés. Une pancarte émerge : «Karchérisons la sarkaille!» Roxane, bouclettes blondes, arrive du Lycée Raymond Queneau, de Villeneuve d'Ascq : «On est là pour défendre le service public, contre les suppressions de postes, contre la Loi Pécresse. Certains de nos profs ne travaillent plus qu'à mi-temps, et nous, on est 30 par classe». Le matin, ils ont bloqué le lycée à 6 heures. «On a laissé passer les terminales qui avaient des TP de sciences de la vie et de la terre». Devant le siège de l'UMP, CRS sont casqués bottés empêchent tout accès. Au total, quelques 120 policiers mobilisés.

H.S.

(1) 19.000 selon les organisateurs, 10.400 selon la police