SOCIÉTÉ - Ce sont des adolescents, parfois des enfants. Migrants, seuls. Depuis la fermeture du centre de Sangatte, il y a cinq ans pile, ils vivent sans-abri dans les forêts, près du port et près des autoroutes. Pakistanais, Afghans, Kurdes, Somaliens, Soudanais. Ils se dirigent vers l'Angleterre. Chaque nuit, ils se glissent sous les camions. Le département du Pas-de-Calais les prend en charge, au nom de la protection de l'enfance, dès que la Justice les lui confie. Les ados se reposent quelques jours, puis s'échappent. Ils se heurtent alors aux policiers, à la sécurité du port, la violence des passeurs, et la vie dans la forêt. Dominique Dupilet, président (PS) du Conseil général, en a assez. Interview. SOCIÉTÉ - Ce sont des adolescents, parfois des enfants. Migrants, seuls. Depuis la fermeture du centre de Sangatte, il y a cinq ans pile, ils vivent sans-abri dans les forêts, près du port et près des autoroutes. Pakistanais, Afghans, Kurdes, Somaliens, Soudanais. Ils se dirigent vers l'Angleterre. Chaque nuit, ils se glissent sous les camions. Le département du Pas-de-Calais les prend en charge, au nom de la protection de l'enfance, dès que la Justice les lui confie. Les ados se reposent quelques jours, puis s'échappent. Ils se heurtent alors aux policiers, à la sécurité du port, la violence des passeurs, et la vie dans la forêt. Dominique Dupilet, président (PS) du Conseil général, en a assez.
Combien d'enfants migrants seuls tentent de passer en Grande-Bretagne autour de Calais?
A Sangatte, en 2002, à la fermeture du centre, il y avait 210 mineurs.
Ils étaient 627 l'an dernier, et on en a compté déjà environ 2000,
alors que l'année n'est pas terminée.
Comment pouvez-vous les compter?
Quand un mineur est arrêté par la police, la justice nous le confie.
Nous lui offrons le gîte et l'éducation, ma responsabilité personnelle
est engagée. Parfois, ce sont des jeunes majeurs. Les policiers eux
mêmes qui les déclarent comme mineurs quand ils n'ont plus de place en
centre de rétention. Mais leur but reste de passer en Grande-Bretagne.
Au bout de deux jours, ils sont requinqués, le troisième jour, ils se
sauvent. Quand ils sont repris, ils reviennent. On les connaît assez
pour ne pas les recompter deux fois. Sur 2000, cinquante restent en
France, dix par an passent le bac.
Que demandez-vous à l'Etat?
De prendre en charge l'urgence, par un dispositif d'accueil de ces jeunes. Car tout ce travail perturbe nos centres, et coûte cher. Le Conseil général
dépense pour tout cela 5 millions d'euros par an. Dans la région
parisienne, c'est l'Etat qui prend cela en charge. Pourquoi deux
poids, deux mesures? Le problème, c'est que Nicolas Sarkozy a décidé qu'il n'y a plus de
problème à Sangatte. (C'est d'ailleurs vrai dans la forme. Il n'y a
plus personne dans le village de Sangatte même, puisque le centre a disparu il y a cinq
ans. Le phénomène est dispersé entre Calais, Dunkerque, et sur tout le
littoral qui fait face à l'Angleterre, ndlr). S'il devait ouvrir un
centre pour les mineurs, ce serait admettre son échec.
Recueilli par H.S.
Photo Pascal Rossignol/Reuters