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Où sont passés les 20 euros?


POLITIQUE - Il avaient adhéré pour 20 euros en 2006. Que sont-ils devenus? Au moment de s'engager à plein tarif, ceux qui sont devenus socialistes par internet à prix réduit pour participer à la campagne interne ne sont pas tous restés, ici comme ailleurs.

Dans une section de Lille, le nombre d’adhérents a doublé avec l’arrivée des « 20 euros » en 2006, puis redescendu  au nombre initial, selon les premiers chiffres 2007. A Hazebrouck, une centaine d’adhérents au départ, 25 adhésions à 20 euros, puis sept départs parmi ces nouveaux, « dont deux juste après le vote interne, parce que leur candidat n’était pas passé », reconnaît Eddy Defever, le secrétaire de section. « A Saint-Omer, personne n’est parti », affirme Thomas Lobry, jeune secrétaire de section : « Si ce phénomène existe, il est tempéré par l’arrivé des municipales ».
Pas pour Jean, informaticien : «J’avais l’espoir que Ségolène change la vie politique, au-delà même du PS. Je suis parti parce que j’en avais marre que la base travaille pendant que la tête lâche des petites phrases. Ils mettent tout par terre. Trois têtes, trois discours différents. Ils se foutent du monde ». L'accueil des vieux militants ? «C’est vrai que les anciens ont un discours plus rodé, mais c’était sympa, les gens travaillaient beaucoup, motivés ».

« C’est vrai qu’il y a des départs, de nouveaux adhérents découragés par la défaite, mais il y a aussi des adhésions de gens effrayés par Sarkozy », tempère Joël Jaspart, secrétaire de section de Valenciennes. « Les gens qui sont partis sont, pour la plupart, partis tout de suite. 90% des nouveaux adhérents du Nord n’ont même pas participé à la campagne, estime le politologue lillois Rémi Lefebvre, qui a analysé des réponses d’adhérents à 20 euros qui ont quitté le parti, avec Thomas Decary, étudiant en DEA . « Ils ont adhéré pour voter le projet et désigner le candidat. Ceux qui sont partis plus tard sont partis parce qu’ils n’avaient pas de familiarité avec la vie du parti, ils n’étaient pas préparés à cet univers clos, replié sur lui-même, ils ne connaissaient pas les codes. Ces gens qui posaient des questions, qui ne comprenaient pas la déférence des vieux militants envers l’élu local étaient perçus comme une menace pour les équilibres établis. En face, on ne les a pas accueillis, et pas retenus ».

Pour Thomas Decaray, ils sont pourtant peut-être la nouvelle base du PS. «Qu'est-ce qu'un vrai militant socialiste? L'imaginaire commun  fait appel à l'image du colleur d'affiches ultra investi. Le militantisme est pluriel, chacun milite selon ses envies et son temps, par à coups. Le militant est moins lié au parti qu'avant. Les adhésions par internet viennent quelque peu officialiser cette image du militant, en reconnaissant que tous ne sont pas sur le terrain, et qu'il est possible d'être simplement un adhérent et de participer selon les opportunités».

H.S.